C’est une sortie qui va probablement susciter l’intérêt des médias et des observateurs. Le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, va présider, ce samedi à Zeralda, l’ouverture des travaux de la conférence nationale des militantes de son parti.
Officiellement, il s’agit d’un rendez-vous ordinaire pour le parti dans la mesure où il s’inscrit dans le cadre des activités du parti. Mais d’aucuns voient dans cette sortie du Premier ministre, lequel a délégué ces derniers mois l’essentiel de l’animation des principales activités organiques ou politiques du parti à ses lieutenants, une occasion pour lui pour s’exprimer sur le principal sujet qui agite la scène politique nationale : le bras de fer qui oppose le président de l’APN, Said Bouhadja et les députés de la majorité parlementaire composée du FLN, RND, TAJ, MPA et les indépendants.
Ahmed Ouyahia, dont les députés ont rejoint la fronde avec son aval, est appelé à s’expliquer sur cette position, mais également à répondre aux accusations de Said Bouhadja et partant de la crise institutionnelle induite par l’enlisement de la situation.
D’ordinaire équilibriste lorsqu’il s’agit de se positionner dans des questions d’importance politique dans lequel est impliqué son partenaire politique, le FLN, Ahmed Ouyahia est pour une fois contraint à ne pas prendre le « bâton par le milieu », selon une expression qu’il affectionne.
Il est pour ainsi dire condamné à expliquer l’attitude des députés de son parti, mais répondre également aux accusations, à la limite embarrassantes, de Said Bouhadja.
Dans un entretien publié jeudi par notre confrère, El Watan, Said Bouhadja a fourni des « détails » qui prennent les allures de « véritable bombe » qui devrait mettre mal à l’aise Ouyahia.
C’est ainsi qu’il a qualifié d’ « illégal » le gel des activités de l’assemblée et l’action des députés de mouvement « primitif ». « Il m’est impossible de m’incliner devant un mouvement primitif qui veut geler les activités de l’Assemblée nationale et porter atteinte à la stabilité de l’institution. Le but de ce mouvement est d’attenter à l’image du pays et aux réformes du Président », a-t-il accusé.
Mieux encore, il soutient que « certains parlent au nom du président », dans l’espoir de le faire revenir sur sa décision de limogeage du SG de l’assemblée, prétendument à l’origine de la levée de boucliers.
« (…) C’est alors que le ministre chargé des Relations avec le Parlement est venu me voir m’informant qu’il était porteur d’un message de la Présidence, me demandant de réintégrer le secrétaire général. Je pense que je suis très proche de la Présidence, qui n’a pas besoin de m’envoyer des messages. Mieux encore, j’ai été contacté par le secrétaire général du FLN, qui lui aussi dit avoir entre ses mains une décision de la Présidence d’annulation de la mise de fin de fonction du secrétaire général. Je lui ai dit envoyez-moi cette décision, mais il ne l’a pas fait. Moi, j’attends la réponse de la Présidence. À partir de là, il y a eu la réunion au parti et la collecte des signatures pour me pousser à la démission et geler les activités de l’APN », a-t-il expliqué.
Alors que dira Ouyahia ? À quel artifice va-t-il recourir pour justifier l’action de son parti ? Celui qui s’est souvent, comme pour éviter la polémique et de répondre aux attaques, présenté comme disposant d’une « peau de crocodile », est contraint pour une fois à « plonger dans la mare » car la crise s’enlise et les conséquences risquent de s’avérer terribles, y compris pour lui en sa qualité de Premier ministre.
Déjà resté silencieux sur la sortie de Bajolet, contrairement à son partenaire du FLN, Ahmed Ouyahia, est sans doute appelé à mieux clarifier certaines positions….