Un groupe de militaires vénézuéliens s’est soulevé ce mardi 30 avril en soutien à l’opposant Juan Guaido, engagé depuis trois mois dans un bras-de-fer avec le président Nicolas Maduro. Le gouvernement dénonce une tentative de “coup d’État”.
La situation est confuse à Caracas. L’opposant vénézuélien Juan Guaido, engagé dans un bras-de-fer depuis trois mois avec le président Nicolas Maduro, a affirmé ce mardi 30 avril avoir entamé “la phase finale” de son projet de renversement du gouvernement, appelant la population et l’armée au soulèvement, à la veille des manifestations du 1er mai. Depuis une base militaire de Caracas, il a revendiqué le soutien de “soldats courageux” dans sa tentative d’éviction de Maduro.Des échauffourées ont éclaté peu après dans la capitale entre des manifestants pro-Guaido et la police. Des véhicules anti-émeutes ont notamment pris position près de la base militaire où sont rassemblés les pro-Guaido. Ils ont foncé plusieurs fois dans la foule. Le ministre de la Défense, le général Vladimir Padrino Lopez, a mis en garde contre un possible « bain de sang ».Après avoir parlé avec ses soutiens internationaux, Juan Guaido a assuré que ses partisans ne quitteront pas les rues tant qu’ils n’auront pas renversé Maduro.
Le pouvoir dénonce une “tentative de coup d’État”
« En ces instants nous sommes en train d’affronter et de neutraliser un groupe réduit de traîtres au sein des effectifs militaires, qui se sont positionnés sur l’échangeur d’Altamira pour promouvoir un coup d’Etat », a affirmé sur Twitter le ministre de la Communication, Jorge Rodriguez.
Il a évoqué une “tentative” de coup d’Etat et accusé la “droite putschiste”. « Nous appelons le peuple à rester en alerte maximale pour, avec les glorieuses Forces armées nationales bolivariennes, défaire la tentative de coup d’Etat et préserver la paix », a-t-il ajouté.
Le numéro 2 du pouvoir vénézuélien, Diosdado Cabello, a appelé les partisans de Nicolas Maduro à un rassemblement au palais présidentiel de Miraflores à Caracas. « Ils ne vont pas y arriver. Nous sommes déjà déployés et lançons un appel à tout le peuple de Caracas : venez à Miraflores. Nous verrons ce qu’ils sont capables de faire contre notre peuple », a-t-il déclaré sur la chaîne de télévision publique VTV.
Le soutien de “vaillants soldats”
Un peu plus tôt, dans un message vidéo publié sur Twitter, Juan Guaido, reconnu président par intérim par une cinquantaine de pays dont les Etats-Unis, apparaît entouré par des hommes en uniforme. L’opposant Leopoldo Lopez, qui est normalement assigné à résidence depuis 2017, est également présent à ses côtés, précisant avoir été libéré par des militaires pro-Guaido.
« Aujourd’hui, de vaillants soldats, de vaillants patriotes, de vaillants hommes attachés à la Constitution ont répondu à notre appel, nous avons répondu aussi à l’appel et nous nous sommes retrouvés dans les rues du Venezuela », a dit le leader de l’opposition.
Une “résolution pacifique” à la crise (Espagne, Royaume-Uni)
Madrid a appelé à éviter “une effusion de sang”, soulignant que la solution à la crise devait venir d’un “mouvement pacifique”.
« Nous appuyons un processus démocratique pacifique » et appelons « à la convocation immédiate d’élections », a déclaré devant la presse la porte-parole du gouvernement Isabel Celaa. « La solution au Venezuela doit venir d’un mouvement pacifique (…). L’Espagne ne soutiendra jamais un coup d’Etat militaire », a-t-elle ajouté, en précisant que le chef du gouvernement socialiste Pedro Sanchez suivait la situation de “très près”.
Même son de cloche du côté du gouvernement britannique, l’un des premiers en Europe à reconnaître Juan Guaidó comme “président constitutionnel intérimaire” du Venezuela en février.
« Nous nous concentrons sur la résolution pacifique de la crise et le rétablissement de la démocratie vénézuélienne. Le peuple vénézuélien mérite un avenir meilleur, il a assez souffert et le régime de Maduro doit cesser », a déclaré à la presse une porte-parole de la Première ministre Theresa May.
Rejoindre “le bon côté” (Colombie)
Le président colombien Ivan Duque, quant à lui, a appelé les militaires vénézuéliens à rejoindre Juan Guaido. La Colombie a demandé une réunion d’urgence du Groupe de Lima, composé de 13 pays latino-américains et du Canada, sur la crise en cours.
« Nous lançons un appel aux soldats et au peuple du Venezuela pour qu’ils se placent du bon côté de l’Histoire et rejettent la dictature et l’usurpation » du pouvoir par le président Nicolas Maduro, a-t-il écrit sur son compte Twitter.