Politique

Crise avec la France : l’Algérie toujours inflexible

Près de deux mois après les déclarations du président Emmanuel Macron sur l’Algérie, les relations algéro-françaises sont toujours tendues.

Interrogé sur la question au cours de sa rencontre avec des représentants de la presse nationale, vendredi 26 novembre, le président de la République a réitéré le préalable du respect de la souveraineté du pays pour un retour à des relations normales avec la France.

Un rétablissement que Abdelmadjid Tebboune reconnaît comme « inéluctable » mais soumis à une « condition », soit « le traitement d’égal à égal », « garant de la souveraineté du pays », loin de toute « tutelle ».

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Ces mots clés résument en quelque sorte ce que reproche l’Algérie à la France depuis le 30 septembre dernier, lorsque le président Macron, au cours d’une rencontre avec des descendants d’acteurs de la guerre d’Algérie, avait remis en cause l’existence de la Nation algérienne avant la colonisation et critiqué le système « politico-militaire » algérien qui vit de « la rente mémorielle ».

Depuis, on a assisté à plusieurs tentatives de la partie française de rectifier le tir et une inflexibilité constante des autorités algériennes. Emmanuel Macron a appelé à l’ « apaisement » dès le 5 octobre puis chargé un de ses conseillers d’exprimer, le 10 novembre, son « respect » pour le peuple algérien et pour l’histoire et la souveraineté de l’Algérie.

Entre-temps, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian s’est exprimé au moins à deux reprises, dans les mêmes termes.

Du côté algérien, c’est la troisième fois que le président de la République est interrogé sur le sujet et ses réponses n’ont pas trop varié. Le 10 octobre, au cours d’une rencontre avec la presse algérienne, il a conditionné le retour à Paris de l’ambassadeur d’Algérie par « le respect total de l’Etat algérien ».

L’ambassadeur avait été rappelé par Alger le jour même de la divulgation par le journal Le Monde des propos controversés d’Emmanuel Macron, soit le 2 octobre. Dans la même journée, l’Algérie a décidé de fermer son espace aérien aux avions militaires français participant à l’opération Barkhane au Mali.

Trouver la bonne formule

Début novembre, il a souligné dans une interview accordée au journal allemand Der Spiegel la « gravité » des propos du président français.

« Je ne serai pas celui qui fera le premier pas (…) Aucun Algérien n’accepterait que je contacte ceux qui nous ont insultés », a-t-il tranché.

 Le 12 novembre, le président algérien, bien que invité, n’a pas pris part à la conférence de Paris sur la Libye. La presse française a même révélé qu’Emmanuel Macron a cherché à joindre son homologue algérien, en vain.

L’Algérie a toutefois accepté de se faire représenter par son chef de la diplomatie qui a motivé la décision par les propos « respectueux » et « raisonnables » tenus la veille par le conseiller Afrique du Nord et Moyen-Orient du président français.

 C’était la première fois depuis le début de la brouille que des déclarations françaises en lien avec la crise avec l’Algérie sont accueillies favorablement à Alger, laissant la porte ouverte à un apaisement véritable.

Ce vendredi 26 novembre, le président de la République a jugé publiquement le retour à des relations normales avec la France « inéluctable ». À ce niveau de responsabilité, c’est aussi une première depuis le 30 septembre.

Mais il reste que Abdelmadjid Tebboune n’a rien cédé sur les préalables précédemment énoncés, soit des relations d’égal à égal, dans le respect des souverainetés mutuelles et loin de toute mentalité de tutelle.

Les officiels français ont multiplié ces deux derniers mois les gestes de rapprochement mais avec une rhétorique qui ne semble pas totalement contenter l’Algérie.

Il leur appartient désormais de trouver la formule qui permettra un retour rapide à une relation normale sans que l’une ou l’autre partie ne perde la face.

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