Les pertes économiques s’accumulent pour l’Espagne à cause de la crise avec l’Algérie comme le montrent les derniers chiffres officiels rendus publics par le gouvernement espagnol.
Depuis près de sept mois, les deux pays sont en brouille à cause du changement de position du gouvernement de Pedro Sanchez sur la question du Sahara occidental, rompant avec sa neutralité historique sur le dossier.
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En juin, l’Algérie est passée à une autre étape dans sa réaction, suspendant le traité d’amitié signé en 2002 avec l’Espagne, mesure suivie immédiatement par le blocage du commerce extérieur avec ce pays.
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Depuis, les opérateurs espagnols comptent leurs pertes. Plusieurs secteurs qui réalisent dans le marché algérien une partie importante de leur chiffre d’affaires ont interpellé le gouvernement sur leur situation, une pression qui s’ajoute à celle des politiques de l’opposition qui réclament un retour aux positions d’avant le 18 mars, date de l’annonce de l’appui de l’Espagne au plan d’autonomie marocain.
Le secrétaire d’Etat au Commerce vient de rendre public les chiffres des pertes de l’économie de l’Espagne induites par la fermeture du marché algérien à ses produits.
Entre juin et juillet derniers, les opérateurs espagnols ont perdu chaque jour 4,4 millions d’euros par rapport à la même période de 2021. Les pertes pour juillet s’élevaient à plus de 127 millions d’euros. Les pertes cumulées avec celles du mois de juin sont de 234,6 millions d’euros, selon la même source.
Et encore, 2021 n’est pas une année référence pour les échanges entre l’Algérie et l’Espagne puisque les échanges ont été freinés par les mesures de préventions contre la pandémie de covid-19
« Hormis le gaz, il n’y a pas d’échanges » entre l’Algérie et l’Espagne
Avant la crise sanitaire, l’Espagne exportait jusqu’à 3 milliards d’euros de marchandises vers l’Algérie, qui constituait en outre, son premier fournisseur de gaz.
Cet hydrocarbure est l’unique produit qui continue à être échangé entre l’Algérie et l’Espagne, avec néanmoins, un recul des volumes livrés et de la part de l’Algérie dans les importations gazières espagnoles.
En juillet, aucune livraison de GNL n’a été effectuée, selon le régulateur espagnol de l’énergie. Les prix du gaz algérien acheminé par gazoduc vers l’Espagne ont été aussi révisés à la hausse en fonction de ceux du marché, a annoncé Sonatrach la semaine passée.
Près de sept mois après le déclenchement de la crise, la relation économique algéro-espagnole s’est réduite au gaz acheminé via le gazoduc Medgaz en vertu d’un contrat signé antérieurement à la brouille.
Un état de fait confirmé au journal espagnol Vozpopuli le président du Cercle algéro-espagnol du commerce et de l’industrie (CCIAE), Djamal-Eddine Bouabdallah. « Rien n’a été débloqué. Je ne sais pas à quoi voudrait faire référence le ministre », assure-t-il.
Par cette déclaration, M. Bouabdallah dément la « normalité » évoquée lundi dernier par le ministre des Affaires étrangères José Manuel Albares. Le chef de la diplomatie espagnole avait indiqué que les deux pays retrouvaient une certaine normalité dans leur relation commerciale, reconnaissant néanmoins que le blocage sur certaines opérations « durait toujours ».
Fin juillet, l’agence de presse officielle algérienne APS avait démenti la levée du gel du commerce avec l’Espagne, suite à une note de l’Association des banques et établissements financiers (ABEF), enjoignant aux banques d’accepter la domiciliation des opérations de commerce extérieur avec ce pays.
Depuis le début du blocage, plusieurs filières sont montées au créneau en Espagne pour réclamer une solution, parmi lesquelles, celles du bœuf et de la céramique.