Le président du gouvernement espagnol multiplie les appels du pied à l’égard de l’Algérie, avec laquelle son pays est en crise ouverte depuis près de six mois.
Pedro Sanchez ne cache plus son envie de voir régler la crise qu’il a lui-même provoquée par son revirement historique dans le dossier du Sahara occidental.
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Le 18 mars dernier, Pedro Sanchez a informé le roi du Maroc de la décision de son pays d’appuyer le plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental occupé.
L’Algérie a réagi par une série de mesures, dont certaines sont douloureuses pour l’économie espagnole, comme la suspension du traité d’amitié et le blocage du commerce entre les deux pays.
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En matière d’énergie, la crise est tombée à un moment critique, marqué par une forte demande européenne sur le gaz algérien à cause de la guerre en Ukraine et l’engagement par l’Algérie de négociations pour la révision des tarifications de son gaz avec notamment les compagnies espagnoles.
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Les répercussions économiques de la crise ont valu à Pedro Sanchez et à son gouvernement de fortes critiques en interne. En juin dernier, une motion du Parlement (Congrès des députés), votée par toute la classe politique excepté le PSOE au pouvoir, a exhorté le gouvernement à revenir à la neutralité dans le dossier sahraoui et à rétablir des relations normales avec l’Algérie.
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Ce jeudi 1er septembre, Pedro Sanchez a indiqué que son gouvernement travaille dans ce sens. « Nous travaillons pour que la situation puisse être réorientée » et pour « restaurer les meilleures relations avec Alger », a-t-il assuré sur les ondes de Cadena Ser.
« Restaurer les meilleures relations »
« J’ai toujours défendu que l’Espagne pouvait avoir des relations extraordinaires avec deux voisins aussi importants pour l’Europe et pour l’Espagne que le Maroc et l’Algérie », a-t-il ajouté, réitérant son vœu de se rendre en Algérie formulé deux jours plutôt.
Interrogé mardi avec son homologue allemand Olaf Schultz, Sanchez a répondu qu’il souhaitait être « celui qui se rendra en Algérie ». Les deux dirigeants européens, qui tenaient une réunion sur la question de l’approvisionnement de l’Europe en énergie, ont été interrogés alors que le président français Emmanuel Macron venait d’effectuer une visite fructueuse en Algérie après plusieurs mois de brouille.
Avant lui, le Premier ministre italien Mario Draghi s’est également rendu en Algérie à deux reprises, d’où il est revenu avec un important contrat portant augmentation substantielle des livraisons de gaz pour l’Italie.
Cette semaine, la presse espagnole a fait état de menaces algériennes de couper l’approvisionnement de l’Espagne si les compagnies de ce pays ne rendent pas de réponse concernant les propositions faites dans le cadre des négociations pour la révision des tarifs.
En Espagne, on prend de plus en plus conscience qu’on s’est brouillé avec Alger au plus mauvais moment. C’est ce qui explique ces appels du pied répétés à l’adresse de l’Algérie.
Avant les deux dernières déclarations de Pedro Sanchez, auxquelles les autorités algériennes n’ont pas encore répondu, une sortie du haut représentant de l’Union européenne pour la politique étrangère, Josep Borell, a été interprétée comme étant faite à l’instigation du gouvernement espagnol dont il a fait partie par le passé comme ministre des Affaires étrangères.
Le 23 août, Josep Borell a évoqué l’autodétermination du peuple sahraoui avant de revenir sur ses propos dès le lendemain, sous la pression, croit savoir la presse espagnole, du chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita.