La crise de l’eau potable qui touche l’Algérie cet été s’explique par la faible pluviométrie de ces trois dernières années, ce qui a eu pour conséquence la diminution des réserves des barrages.
C’est ce qu’a expliqué ce lundi 28 juin Smail Amirouche, secrétaire général du ministère des Ressources en eau (MRE). « Les six barrages qui alimentent la capitale en eau sont à moins de 15 % de leurs capacités nominales. 15 % c’est le volume mort. C’est le résultat de trois années durant lesquelles il n’a pas beaucoup plu », a indiqué le SG du MRE dans un entretien à la Radio algérienne. En tout, 22 sont concernées par le phénomène du stress hydrique.
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« Nous avons enregistré une diminution drastique des volumes d’eau emmagasinés dans les barrages allant de 35 à 40 % par an« , a-t-il précisé.
« Même durant les mois de pluies, ce furent des pluies fines et il n’y a pas eu beaucoup d’écoulement dans les oueds, car ce sont les crues des oueds qui alimentent les barrages. Même s’il pleut et que l’oued n’est pas en crue, le barrage n’est pas correctement alimenté », a complété le responsable.
En 2020 les données statistiques laissaient « présager un volume de précipitations dans l’Algérois de l’ordre de 700 mm/an », a-t-il dit.
« Malheureusement, durant les mois de janvier-février 2021 il n’y a eu aucune goutte. Les mois de mars-avril ont connu quelques précipitations bénéfiques pour l’agriculture mais insuffisantes pour mettre les oueds en crue. De sorte que les barrages n’ont pas été alimentés. Ce qu’on vit actuellement en est la conséquence » de ce manque de précipitations, a poursuivi Smail Amirouche.
À l’horizon 2030, 50 % de l’eau potable proviendra du dessalement de l’eau
Pour tenter de résorber la crise de l’eau, le MRE mise sur deux solutions. D’abord, augmenter la disponibilité en eau grâce aux forages.
« Nous avons lancé un vaste programme surtout dans l’Algérois, où nous avons lancé 170 forages. Nous sommes sur une nouvelle opération pour la réalisation de 120 forages », a-t-il dit, en précisant que le délai moyen pour la réalisation d’un forage est de deux mois.
« Il y a eu énormément de forages qui ont été mis en service pour stabiliser l’alimentation en eau à Blida et Tipasa et relativement à Alger », a-t-il ajouté.
Une fois achevés, ces forages devraient entrer en service durant les trois prochaines années, ajoute le même responsable. Et pour éviter qu’il y ait des conséquences néfastes sur les nappes phréatiques, les autorités envisagent des solutions techniques en vue de les réalimenter artificiellement surtout celle de la Mitidja, a-t-il assuré.
L’autre solution retenue par le gouvernement est le dessalement de l’eau de mer. « Dans notre stratégie, l’objectif est d’arriver à l’horizon 2030 à assurer 50 % de l’eau nécessaire à l’alimentation en eau potable à partir du dessalement de l’eau de mer », a indiqué M. Amirouche.
Pour renforcer l’alimentation en eau potable de l’Algérois, les autorités ont mis en fonction depuis mars dernier des stations de dessalement à Tipasa, Bou-Ismail, Palm-Beach (la station devrait être fonctionnelle mi-juillet) et Ain Benian.
La wilaya de Blida devra être alimentée à partir de la station de dessalement de Fouka (Tipasa). Les wilayas d’Oran, Boumerdès, Skikda, Annaba, Tarf, Guelma, Béjaia et Tizi-Ouzou devraient bénéficier de programmes similaires.
Sur les 11 stations de dessalement implantées sur le littoral, deux stations posent des problèmes techniques. Celle de Souk Tleta (Tlemcen) qui est à l’arrêt et la station de Magtaâ qui fonctionne à 50% de ses capacités, selon Smaïl Amirouche. Le 9 autres stations « fonctionnement à 98 % », assure-t-il.