Crise de l’eau, prolifération des moustiques, flambée du covid-19, frontières quasiment fermées… L’été ne débute pas de la meilleure des manières en Algérie.
Le pays voit de nouveaux problèmes se greffer aux crises et tensions successives qui marquent le quotidien des Algériens depuis plusieurs mois.
La pandémie de covid-19 sévit depuis l’hiver 2020 et, en ce début d’été 2021, non seulement elle n’est pas éradiquée, mais elle revient en force.
| Lire aussi : L’inquiétante prolifération des moustiques à Alger
Le pays a presque crié victoire en enregistrant l’un des taux de contamination les plus faibles au monde, mais le nombre de nouveaux cas quotidiens est reparti à la hausse pour s’approcher de nouveau de la barre des 500 contaminations par jour, par la faute sans doute d’un relâchement dans l’observation des mesures barrières et de la faible cadence de la vaccination.
On se dirige vraisemblablement vers un autre été sans émigrés, sans vacances à l’étranger ni touristes. La levée des restrictions sur les voyages de et vers l’étranger n’est que partielle et de nombreux Algériens de l’étranger se plaignent quotidiennement sur les réseaux sociaux de l’indisponibilité des places et de la cherté des billets.
Même la Tunisie qui accueillait d’habitude des centaines de milliers de touristes algériens, ne pourra pas le faire cette année. Le pays voisin fait face à une dégradation inquiétante de la situation sanitaire.
En Algérie, on parle de nouveau du retour au confinement, ce qui signifierait la fermeture des lieux de villégiature et de loisirs. Un autre été morose se profile.
Si le retour au confinement se confirme, il serait plus insupportable que l’année passée du fait que les robinets dans les domiciles des citoyens sont presque tout le temps à sec.
Une crise d’eau jamais vue depuis plusieurs années est en effet venue compliquer davantage le quotidien des gens. À Alger et dans la plupart des villes du pays, l’eau potable est rationnée.
Dans le meilleur des cas, l’alimentation se fait à un rythme d’un jour sur deux, en pleine période de canicule. En cause, la sécheresse qui a sévi pendant trois hivers consécutifs.
Du pain sur la planche pour le nouveau gouvernement
Les plages demeurent pour l’instant ouvertes, mais elles ne sont pas épargnées par les problèmes. Sur une plage de Ténès, une étrange « intoxication » collective a été enregistrée cette semaine.
Près de 150 baigneurs ont eu des malaises et transférés à l’hôpital, sans aucune explication rationnelle. Cela, sans parler du squat des plages et des aires de stationnement qui n’ont rien d’une nouveauté.
Comme à chaque période de canicule, les feux de forêt sont de retour. Cette année, c’est la région de Khenchela, à l’est du pays, qui voit des milliers d’hectares de ses forêts et de ses vergers partir en fumée. Les agriculteurs, notamment les producteurs de pommes, ont subi d’importantes pertes.
Au chapitre des pénuries et des flambées des prix, c’est le mouton qui fait parler de lui à quelques semaines de l’Aïd. Dans les marchés de bétail, les prix sont montés en flèche.
On parle d’un ovin qui a atteint la somme psychologique de 10 millions de centimes (100.000 DA). C’est exceptionnel certes, mais la fourchette des prix oscille entre 40.000 et 70.000 dinars le mouton.
Autant dire qu’une bonne partie des familles algériennes devront faire l’impasse cette année sur la fameuse tradition. D’autant plus que le contexte est difficile pour les ménages.
La crise économique est là depuis plusieurs années et elle s’aggrave de mois en mois du fait des retombées de la crise sanitaire, du ralentissement de l’activité économique, du désinvestissement, de la fermeture d’entreprises et du recul des recettes en devises du pays…
C’est dans ce contexte que le pays a organisé des élections législatives le 12 juin -fortement boycottées- et s’apprête à se doter d’un nouveau gouvernement.
Le nouveau Premier ministre Aimene Benabderrahmane, un argentier qui « connait tous les dossiers financiers », comme l’a qualifié le président de la République, est chargé par celui-ci de relancer en premier lieu la machine économique sans renoncer aux acquis sociaux.
Une mission que les plus optimistes jugent délicate et difficile. Si Benabderrahmane devrait en tout cas faire bouger les choses, il est illusoire de s’attendre à un effet immédiat. Les Algériens devront se résigner à passer un autre été difficile.