Les quatre pays du Golfe, qui ont imposé des sanctions au Qatar, accusent Doha de ne pas avoir respecté deux accords de non-agression signés, dont la chaîne américaine CNN s’est procuré le contenu. Ces textes visent directement le média qatari Al-Jazeera, accusée de soutenir des groupes d’opposition, notamment les Frères musulmans.
La sévère dispute qui oppose le Qatar à ses voisins du Golfe et à l’Egypte depuis le 5 juin, résulte en réalité de deux accords secrets passés en 2013 et en 2014, selon les informations de la chaîne américaine CNN, qui en a dévoilé le contenu cette semaine.
Ces textes sont en quelque sorte des pactes de non-agression entre les puissances du Golfe. Ils visent essentiellement à exiger de chaque pays qu’ils ne soutiennent pas, ni financièrement, ni politiquement, les groupes d’opposition au Yémen, en Arabie Saoudite ou en Egypte. Les Frères musulmans sont particulièrement ciblés. Pour rappel, les pays du Golfe ont accusé le Qatar de les soutenir.
Ces accords bannissent également tout soutien à des “médias antagonistes”, autrement dit, qui diffusent l’idéologie ou donnent la parole à des groupes dits “déviants”. A cet égard, la chaîne d’information qatarie Al-Jazeera est explicitement citée dans l’accord de 2014. Les pays du Golfe l’accusent de donner trop de voix à des groupes d’oppositions dans la région, notamment au Bahreïn et en Egypte. Ils demandent d’ailleurs que la chaîne ne soit pas utilisée comme porte-voix de l’opposition au Caire. En signe de bonne volonté, la chaîne égyptienne Mubashir Misr, propriété d’Al-Jazeera, a été fermée en décembre 2014, soit peu après la signature de l’accord.
“Ces conditions n’ont aucun rapport avec l’accord de Riyad”
Pour rappel, les quatre pays (Arabie Saoudite, Bahreïn, Egypte et Emirats arabes unis) qui ont récemment imposé des sanctions au Qatar, l’accusant de financer le terrorisme, ont ensuite posé 13 conditions “non négociables” à une sortie de crise, allant justement de l’arrêt du soutien aux groupes“terroristes” à la fermeture de la chaîne de télévision Al-Jazeera ou celle d’une base militaire turque. Selon ces pays, les conditions demandées reprennent les engagements pris par chacun des pays dans l’accord de Riyad (celui signé en 2013, ndlr).
Ces conditions ont été rejetées par Doha, estimant qu’elles sont une attaque à sa souveraineté. Interrogé par CNN, le porte-parole du gouvernement qatari assure également que “ces conditions n’ont aucun rapport avec l’accord de Riyad” :
“A aucun moment l’Arabie Saoudite ou les Emirats arabes unis ont utilisé les mécanismes de l’accord de Riyad pour communiquer leurs préoccupations au Qatar”, plaide-t-il.
Un accord signé mardi entre les Etats-Unis et le Qatar
Alors que la crise se poursuit dans le Golfe, les pays tiers tentent d’intervenir pour tenter de mettre fin à cette crise diplomatique. Le secrétaire d’Etat américain, Rex Tillerson, a entamé lundi une tournée de quatre jours dans la région et a signé, mardi, un accord entre les Etats-Unis et le Qatar visant à empêcher le financement du terrorisme.
Le Quai d’Orsay a annoncé ce mercredi que le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, effectuera les 15 et 16 juillet une tournée dans le Golfe qui le mènera notamment au Qatar. Il “souhaite, au cours de ce déplacement, pouvoir recueillir les vues de ces pays et apporter la contribution de la France à la médiation engagée par le Koweït, qui reçoit notre plein soutien”, a-t-il précisé. “Cette démarche se situe dans le même esprit que les efforts de nos partenaires américains, britanniques et allemands”, a-t-il ajouté.
(Avec Reuters)