Rien ne va plus entre le ministre du Commerce et les distributeurs de lait en sachet. Après les menaces de Kamel Rezig de les poursuivre en justice s’ils ne respectaient pas le prix administré de 25 DA le sachet de lait, les distributeurs ont riposté, ce lundi, en refusant carrément d’approvisionner les commerces en sachets de lait.
Le représentant des distributeurs de lait a déclaré à El Bilad.net que la décision de suspendre la distribution de lait en sachet vient en réponse aux déclarations du ministre du Commerce qui, selon lui, n’a pas pris en considération leur marge bénéficiaire.
À cet effet, les distributeurs réclament des services du ministère du Commerce de réviser à la hausse leur marge bénéficiaire, signalant que ce qu’ils touchent « va aux chauffeurs et aux carburants ».
Selon le même responsable, les distributeurs de lait « se tiennent prêts à toute forme de durcissement » dans leur bras de fer avec le ministère du Commerce, notamment à travers une suspension de l’approvisionnement pour une durée illimitée.
Les wilayas qui ont été jusque-là touchées par cette action des distributeurs sont : Oran, Mostaganem, Sidi Bel Abbès, Saida, Tipasa, Médéa et Chlef.
Contacté par TSA, Mustapha Zebdi président de l’Association de protection et d’orientation du consommateur (Apoce) juge « inadmissible » que les consommateurs soient « pris en otage ».
« Pour les distributeurs qui ont leurs laiteries au sein de leurs wilayas, il n’y a aucune raison pour qu’ils fassent grève ou qu’ils protestent. Et à ce titre il y a lieu de soutenir la décision du ministre du commerce, car apparemment ces distributeurs grévistes veulent prendre en otage les consommateurs et les sanctionner, ce qui est inadmissible », a-t-il martelé.
M. Zebdi salue au passage les commerçants « qui ont refusé d’acheter du lait au prix non réglementé », qualifiant ce geste « d’acte de civisme et de responsabilité ».
Le président de l’Apoce tient à spécifier le cas des distributeurs de lait qui s’approvisionnent en dehors de leurs wilayas. Pour cette catégorie de distributeurs, Mustapha Zebdi estime que l’étude de leur cas s’impose.
« Leur gain étant inférieur au coût de revient, leurs arguments sont recevables. Il faut ouvrir le dialogue avec eux », recommande-t-il. M. Zebdi estime que « la solution c’est de travailler avec les prix réglementés ».
De son côté, Hadj Tahar Boulenouar président de l’Association des commerçants et artisans algériens (Anca) souligne que toute la problématique est liée à l’offre qui est inférieure à la demande.
« Les transformateurs ne produisent pas en quantités suffisantes. C’est ce qui favorise la spéculation et les augmentations des prix », soutient-il.
Pour Boulenouar, la résolution de la crise dépend de la volonté des transformateurs à augmenter la production. Il appelle à revoir la politique des subventions de telle sorte à les donner directement aux citoyens tout en laissant les prix libres.
« Au lieu de subventionner le produit, il faut aller vers l’octroi des subventions directement pour le consommateur. Les prix doivent être libres », soutient Boulenouar. Il reconnaît néanmoins que « vendre un produit subventionné fixé à 25 DA à 27, 28 voire 30 DA est, convenons-en, inacceptable ».