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Crise en Libye : l’Algérie continue d’avancer ses pions

Crise en Libye : l’Algérie continue d’avancer ses pions

L’Algérie poursuit son offensive diplomatique dans le dossier libyen. Au lendemain des déclarations du président Abdelmadjid Tebboune sur la disponibilité de l’Algérie à accueillir des pourparlers inter-libyens, le président de la Chambre libyenne des députés, Aguila Salah Aissa est à Alger ce samedi.

Pour recevoir ce haut dirigeant libyen, que certaines sources présentent comme le successeur du maréchal Khalifa Haftar dont les revers militaires ont fini par discréditer, Alger a déroulé le tapis rouge.

Le ministre des Affaires étrangères Sabri Boukadoum et le président de l’APN Slimane Chenine se sont déplacés à l’aéroport Houari Boumedienne pour l’accueillir. Ensuite, il a été reçu en audience par le président de la république Abdelmadjid Tebboune.

Si rien n’a filtré, pour le moment, du contenu des discussions entre le chef de l’État et le président de la Chambre libyenne des députés, tout porte qu’il s’est déplacé pour parler du plan algérien du règlement de la crise libyenne.

Ce plan s’articule autour de la tenue de pourparlers inter-libyens à Alger, la mise en place d’un Conseil national de transition (CNT), d’un président et d’un gouvernement provisoires.

« On va les aider à organiser des élections pour recréer l’État libyen par les Libyens », s’est engagé M. Tebboune vendredi soir au cours d’une rencontre avec des médias algériens.

De l’avis de nombreux spécialistes, Alger est en bonne position pour accueillir des négociations entre le GNA et le maréchal Haftar. Il présente les garanties d’être « équidistante » des acteurs du conflit qui se livrent une « guerre par procuration ».

« Pour ce qui est du flux et reflux survenant en Libye, notre principe fondamental que nous avons clairement exprimé est que la résolution du conflit ne saurait être militaire et l’ensemble des États y compris les grands adhèrent au plan de l’Algérie et son approche », a expliqué vendredi Abdelmadjid Tebboune.

« Nous avons tenté par tous les moyens de résoudre cette crise de manière pacifique, et nous nous mettons à équidistance de toutes les parties du conflit », a-t-il souligné, rappelant par là même les efforts diplomatiques de l’Algérie et ses contacts avec les différentes parties libyennes.

« Le sang qui coule est celui des Libyens et non celui de ceux qui mènent une guerre par procuration », a-t-il déploré, ajoutant que « l’Algérie s’attriste du sort de ce pays car elle a vécu de pareilles tragédies et sait comment s’en sortir ».

Convaincu que le retour à la table des négociations est un impératif, d’où la « nécessité de les engager », Abdelmadjid Tebboune a réitéré la disponibilité de l’Algérie à assister les Libyens pour « mettre un terme à la crise et en finir avec l’effusion du sang ».

« Même les grandes nations réalisent que l’Algérie est en mesure de contribuer à l’instauration de la paix en Libye, sachant que nous n’avons aucun intérêt expansionniste ni économique, et que notre objectif est de préserver la vie des Libyens et de protéger nos frontières », a-t-il dit, rappelant que « toutes les parties libyennes se fient à l’Algérie, étant le seul pays à pouvoir réunir les belligérants, qu’ils soient tribus ou responsables ».

Il a expliqué que l’intervention de l’Algérie en Libye est « saine ». « On veut aussi protéger nos frontières. Je l’ai dit en toute franchise. Ce qui se passe en Syrie est en train de se concrétiser en Libye. Et si ça ne s’arrête pas, c’est la somalisation (…) Peut-être qu’il y a des gens qui veulent nous impliquer dans ce conflit », a-t-il dit.

Le président Tebboune a ajouté : « l’intérêt national de l’Algérie dicte à ce qu’il y ait la paix à nos frontières. Sinon, il faut qu’on s’arme. Et pour renouveler à chaque fois les armes, mobiliser nos soldats et nos officiers, je préfère le mettre dans le développement. Je préfère créer des startups, des emplois ».

Cette sortie du président intervient dans la foulée de deux audiences accordées à l’ambassadeur américain et à l’ambassadrice d’Allemagne. Elle intervient également au lendemain d’une série d’entretiens engagés avec le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum avec ses homologues de la Libye, de Tunisie, d’Égypte et d’Arabie saoudite.

Mardi, le porte-parole de la présidence, Mohand Oussaid Belaid avait indiqué que « l’initiative algérienne va venir car elle est réclamée par les Libyens ». Rappelant la « neutralité » de l’Algérie, Mohand Oussaid Belaid a estimé que cette position fait de l’Algérie « le médiateur idéal pour une résolution politique véritable, à savoir le respect de l’unité territoriale du peuple libyen ».

En se tournant vers Alger, les différentes protagonistes se rendent probablement à l’évidence des limites du plan égyptien qui de l’avis des spécialistes cherche à « sauver » le soldat Haftar. Aussi, il apparait clair que depuis l’implication des Américains, il était exclu que la solution soit confiée aux pays du Golfe dont les intérêts dans la région sous-tendent d’autres enjeux géostratégiques.

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