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Crise entre l’Algérie et la France : le Maroc entre en jeu

Crise entre l’Algérie et la France : le Maroc entre en jeu

Par Oleksii / Adobe Stock
Algérie - France

Voilà qui ne manquera pas d’alimenter davantage la crise déjà exacerbée entre l’Algérie et la France. Après le Sahara occidental, l’écrivain Boualem Sansal, les influenceurs algériens et les OQTF, le Maroc entre en jeu, avec un projet de manœuvres militaires conjointes avec la France à la frontière algérienne.

Prévues en septembre prochain à Errachidia, non loin de la ville de Bechar, ces exercices sont venus aggraver une situation déjà critique.

Ce projet baptisé « chergui 2025 », du nom d’un vent venant de l’Est, dans une allusion à peine voilée à l’Algérie, n’a pas manqué de faire réagir l’Algérie qui n’a pas dissimulé ses préoccupations.

Perçu comme un acte de « provocation », Alger a tenu à le faire savoir à la partie française par le biais du Secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, Lounès Magramane qui a reçu jeudi, au siège du ministère, l’ambassadeur de France en Algérie, Stéphane Romatet.

Manœuvres militaires franco-marocaines : l’Algérie met en garde la France

« Un tel acte ne manquera pas d’alimenter la crise qui caractérise à présent les relations algéro-françaises et de porter le climat des tensions entre les deux pays à un seuil supérieur de gravité », a prévenu le ministère algérien des Affaires étrangères dans un communiqué, alors que l’Algérie et le Maroc n’entretiennent pas de relations diplomatiques depuis août 2021.

Prévus depuis plusieurs mois, ces exercices entre les armées françaises et marocaines semblent s’inscrire en droite ligne dans le renforcement de la coopération militaire entre les deux pays.

Elles illustrent le nouveau cap stratégique adoptée par la France, poussée par des lobbies influents proches de l’extrême droite, dans ses relations avec le Maghreb, notamment depuis la décision du président Emmanuel Macron en juillet dernier de reconnaitre la marocanité du Sahara occidental.

Un tournant majeur dans ses relations avec le Royaume après quelques années de brouilles liées à l’affaire « Pegasus », du nom du logiciel espion israélien utilisé par le Maroc pour espionner des personnalités et des dirigeants européens dont le président Macron.

Signe de la nouvelle orientation : outre de nombreux contrats signés à la faveur de la visite de Macron au Royaume à l’automne dernier, les deux pays envisagent, avec le concours des Etats-Unis, l’établissement d’une base aérienne militaire avancée dans l’extrême sud du Sahara occidental. 

Une base militaire franco-américano-marocaine au Sahara occidental ?

Selon le journal espagnol « La Razón », cette infrastructure servira de plateforme pour des opérations ciblées contre les groupes terroristes qui sévissent au Sahel, en coopération avec des pays comme le Niger, le Mali et le Burkina Faso.

Dans un contexte de crise aiguë entre Alger et Paris, deux responsables de haut rang français, la ministre de la Culture Rachid Dati et le président du Sénat Gérard Larcher se sont rendus séparément en fin février dans les territoires occupés.

L’Algérie a réagi en dénonçant « un mépris insigne de la légalité internationale », tandis que le Sénat algérien a gelé sa coopération avec son homologue français.

Ces développements qui ne pouvaient naturellement laisser indifférents l’Algérie interrogent sur leurs visées au moment où la relation algéro-francaise traverse la séquence la plus grave depuis l’indépendance.

Pour le Maroc, ces manœuvres avec la France représentent un double enjeu : montrer ses muscles aux côtés d’une puissance militaire, et pousser à la rupture des relations entre Alger et Paris.

Au moment où les deux pays peinent à renouer les fils du dialogue dans la perspective d’un éventuel apaisement, le projet de manœuvres militaires entre le Maroc et la France accentue davantage la méfiance et risque d’aggraver davantage la crise qui peut déboucher sur la rupture.

Une rupture qui n’est pas souhaitée par Alger, compte tenu de l’enjeu liée à sa forte communauté présente dans l’Hexagone, mais à laquelle s’y emploie les milieux nostalgiques de l’Algérie française et de l’extrême droite encouragés sans doute par la démarche, basée sur le rapport de force, imprimée par Donald Trump dans les relations internationales, au mépris du respect de la souveraineté des Etats et de la légalité du droit international.

En réclamant des « explications » de la part de Paris, Alger suggère qu’elle ne restera pas les bras croisés, quitte à installer la crise dans la durée avec son lot de conséquences sur la coopération bilatérale autant sur le plan économique que sur le plan sécuritaire.

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