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Crise entre le Qatar et l’Arabie saoudite

Crise entre le Qatar et l’Arabie saoudite

Le Qatar et l’Arabie saoudite sont entrés en guerre froide. Les relations entre les deux pays rivaux de la région du Golfe se sont détériorées ces derniers jours depuis notamment la tenue du sommet pays musulmans-Etats Unis, dimanche 21 mai à Riyad.

Lors de ce sommet, le président américain Donald Trump a appelé les musulmans à s’opposer et à isoler l’Iran, avant de qualifier le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais de « groupes terroristes ». Or, Doha a une autre position sur le Hamas et le Hezbollah et sa perception de la relation avec l’Iran voisin et avec la Turquie est différente de celle développée par Trump et le roi d’Arabie saoudite.

L’émir du Qatar enflamme la toile

Mardi soir, des propos attribués à Tamim Ben Hamad al-Thani, le jeune émir du Qatar, ont enflammé la toile. L’émir Tamim aurait dit qu’il ne fallait pas s’attaquer à l’Iran, « une puissance islamique avec laquelle il faut compter puisqu’elle contribue à la stabilité de la région ». Il aurait également critiqué les récentes positions politiques de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis et dit que « le Qatar ne soutient pas le terrorisme ».

Les médias saoudiens dont la chaîne Al Arabiya ont largement relayé ces déclarations. Les médias des Emirats arabes unis ont également repris les propos de l’émir Tamim.

L’agence officielle qatarie Qana a vite réagi en annonçant que son site et que son compte Twitter ont été piratés et que les déclarations de l’émir Tamim sont inventées de toutes pièces (le site de l’agence est toujours inaccessible).

Cela n’a pas convaincu les médias saoudiens. Le journal Al Madina accuse Doha de «poignarder l’Arabie saoudite avec un couteau iranien ». Abdallah al-Adaba, rédacteur en chef du journal qatari Al Arab, a exprimé son étonnement quant à la reprise par les médias, notamment saoudiens, de fausses informations « dont le but est de semer la discorde entre les pays du Golfe ».

Riyad bloque le site d’Al Jazeera

En ce sens, les chaînes Al Arabiya et Sky News Arabia (basée à Abu Dhabi) ont été beaucoup critiquées en raison du maintien des propos de l’émir Tamim sur leurs bandes défilantes à l’écran et sur leurs sites internet.

L’Arabie saoudite a bloqué, ce mercredi matin, l’accès au site des médias qataris comme la chaîne Al Jazeera et les journaux Al Raya et Al Watan. Au même moment, un fake news a fait le tour des rédactions et des réseaux sociaux, d’après lequel Doha aurait demandé aux ambassadeurs d’Égypte, d’Arabie saoudite, de Bahrain, des Emirats arabes unis et du Koweït de quitter le pays.

Une crise qui remonte à 2013

En fait, la crise entre Qatar et ses voisins remonte à novembre 2013. À cette date, les dirigeants d’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis et du Bahreïn se sont réunis à Riyad pour demander au Qatar de « ne plus s’ingérer dans les affaires intérieures de ses voisins ».

Ils lui ont demandé aussi de cesser ses attaques contre l’Égypte et de ne pas plus utiliser ses médias, comme Al Jazeera, pour déstabiliser les autres pays arabes, selon eux. Les trois pays ont également exigé la fermeture de l’antenne de Doha du think-tank américain Brooking institution et de l’Institut des études arabes que dirige le penseur palestinien Azmi Bishara, connu pour ses critiques fortes à l’égard de l’Arabie saoudite, de l’Égypte et de la Jordanie.

En 2014, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Bahreïn ont retiré leurs ambassadeurs de Doha. Ils lui reprochaient, entre autre, son soutien aux Frères musulmans d’Égypte.

L’Arabie saoudite, qui a acheté récemment pour 110 milliards de dollars d’armement américain, veut prendre la position de leader du monde arabe, majoritairement sunnite, en créant une «Alliance stratégique du Moyen-Orient » dont les contours restent imprécis même si l’objectif suprême parait être « l’endiguement » de l’Iran.

Riyad, qui a péniblement pactisé avec Le Caire, veut écarter tous les rivaux dans la région surtout le Qatar où se trouve l’une des plus grandes bases militaires américaines au monde à Al Udeid (principal hub aérien au Moyen-Orient). Les pays du Golfe voient aussi d’un mauvais œil une récente décision de Doha de permettre à la Turquie de construire une base militaire au Qatar.

Enfin, le soutien apporté par Doha au Hamas palestinien et son chef historique Khaled Mecha’al est mal apprécié à Riyad et Abu Dhabi. Le Qatar a refusé la division du Yémen tel que proposé récemment par les Émirats arabes unis.

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