La crise diplomatique et politique entre Paris et Alger s’invite à la Grande Mosquée de Paris, mardi 18 mars, lors de la visite du ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, invité au quatrième iftar des ambassadeurs.
Le recteur de la plus importante institution musulmane de France, Chems-eddine Hafiz, ainsi que son convive, n’ont pas manqué de soulever la question des tensions entre la France et l’Algérie. Le premier a dévoilé la position de l’institution et le second a adressé quelques messages à Alger.
L’iftar des ambassadeurs est un évènement organisé par la Grance Mosquée de Paris à chaque mois de Ramadan depuis quatre ans. Il rassemble plusieurs ambassadeurs des pays musulmans, ainsi que des responsables du gouvernement français, pour la rupture du jeûne.
Cette année, c’est le ministre des Affaires étrangères qui a répondu favorablement à l’invitation. Contrairement à son prédécesseur, Gérald Darmanin, qui répondait à l’invitation depuis 2022, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, n’a pas été de la partie.
Cette absence est sans doute liée aux tensions actuelles avec l’Algérie, dont le locataire de Place Beauvau est le principal animateur. La Grande Mosquée de Paris étant souvent accusée en France d’entretenir des liens étroits avec Alger.
D’ailleurs, l’évènement a été une occasion, aussi bien pour Chems-eddine Hafiz que pour Jean-Noël Barrot, d’aborder la crise actuelle qui secoue les relations entre la France et l’Algérie.
Crise Paris – Alger : la France ne compte « rien céder » sur ses intérêts
Lors de son discours à l’occasion, le ministre français des Affaires étrangères a rappelé que la France est « attachée à sa relation avec l’Algérie, avec laquelle nous sommes unis par des liens complexes, mais d’une densité sans équivalent et des intérêts partagés ».
Concernant les tensions actuelles entre les deux pays, Barrot a affirmé que la France n’est pas la responsable, est que cette crise n’arrange les affaires d’aucune des deux parties. « Les tensions actuelles, dont nous ne sommes pas à l’origine et qui ont connu hier (lundi 17 mars) un nouveau développement problématique, ne sont dans l’intérêt de personne, ni de la France, ni de l’Algérie », a-t-il dit.
Alors que la situation se dégrade, Jean-Noël Barrot ajoute que son pays souhaite résoudre ces tensions « avec respect », mais aussi avec « exigence, franchise et sans faiblesse, sans rien céder sur les intérêts des Français qui sont notre boussole ».
Avant de rejoindre l’événement, Barrot avait affirmé le même jour que le rejet par Alger de la liste d’Algériens expulsables « porte atteinte » aux intérêts de la France. Toutefois, il a assuré que « les millions de nos concitoyens liés d’une manière ou d’une autre à l’Algérie n’ont rien à voir avec les difficultés que nous rencontrons aujourd’hui avec les autorités algériennes ».
Crise Paris – Alger : Chems-eddine Hafiz appelle à un « chemin de l’apaisement »
Pour sa part, le recteur Chems-eddine Hafiz a défendu un « chemin de l’apaisement », tout en mettant en avant l’engagement de l’institution pour trouver les solutions permettant aux relations entre la France et l’Algérie de revenir à leur cours normal.
« La Grande Mosquée de Paris est à l’ouvrage. Ses efforts contrarient les disciples de la division qui se penchent aujourd’hui sur ses rapports avec l’Algérie », a déclaré Hafiz lors de son discours d’ouverture, soulignant que son institution a effectivement « une histoire singulière avec l’Algérie ».
À propos du climat de graves tensions entre les deux pays, Chems-eddine Hafiz a affirmé que la Grande Mosquée de Paris « garde toute sa sérénité et entend continuer sur le chemin de l’apaisement et de l’espoir d’une relation vertueuse entre la France et l’Algérie ».