Le bras de fer entre Paris et Alger autour de l’immigration et de l’exécution des OQTF se durcit. Dans le cadre du rapport de force qu’il compte engager, le gouvernement français brandit à nouveau la menace de la réduction des visas, mais pas pour tous les Algériens.
La France n’a pas encore pris officiellement de décision concernant la réduction des visas accordés aux ressortissants algériens, comme l’a affirmé le journal Le Point samedi 8 mars. Mais au vu du bras de fer qui se poursuit, la menace plane toujours.
Une chose est sûre pour le moment, la baisse de 28 % du nombre des visas pour la France accordés aux Algériens en janvier dernier par rapport au même mois de l’année dernière, ne tiendrait pas la route, à en juger par les dernières déclarations de la porte-parole du gouvernement français.
Paris menace encore de réduire les visas, mais pour une catégorie spécifique
Dimanche 9 mars, TSA a appris de deux sources sûres en lien avec le dossier que la baisse du nombre de visas accordés aux Algériens en janvier dernier est de seulement 2%, ce qui est insignifiant. La France n’a donc pas encore mis déployer le levier des visas.
Si la menace sur la réduction des visas est toujours d’actualité au sein du gouvernement français, elle ne concernera visiblement pas l’ensemble des demandeurs algériens, mais uniquement ce que Paris appelle les « dignitaires algériens », comprendre les dirigeants et anciens responsables.
C’est ce qu’a fait savoir ce mercredi la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, dans une déclaration accordée à Sud Radio. D’emblée, l’intervenante a indiqué qu’une liste de « personnes dangereuses de nationalité algérienne, présentes sur le sol français, sera transmise à l’Algérie dans les jours qui viennent ».
Dans le cas où l’Algérie refuserait de reprendre les personnes inscrites sur cette liste, le gouvernement français va prendre des « mesures graduées », dont « par exemple les visas » octroyés à certaines personnalités algériennes, a indiqué la porte-parole.
https://x.com/SudRadio/status/1899730686262554756
Une liste qui comporte les « profils les plus dangereux »
Autrement dit, comme mesure de rétorsion, la France envisage de réduire « le nombre de visas » octroyés à « des dignitaires algériens » et aux « personnes qui ont l’habitude de faire les allers-retours » entre les deux pays, selon la même responsable.
Ce mercredi 12 mars, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau est également revenu à la charge sur le plateau de RTL, annonçant avoir décidé, en accord avec Emmanuel Macron, « d’une riposte graduée » avec notamment le retrait des « facilités concernant la nomenklatura ».
Concernant la liste dont a parlé la porte-parole du gouvernement, Retailleau a confirmé l’information et y a apporté plus de précision. « Nous allons présenter à l’Algérie, dans quelques jours, une liste d’Algériens dont on sait parfaitement qu’ils le sont parce que c’est documenté et nous avons les preuves », a-t-il dit.
Concernant les personnes qui figurent sur cette première liste, le locataire de Place Beauvau a précisé qu’il s’agit des « profils les plus dangereux », notamment ceux qui se trouvent dans des centres de rétention administrative (CRA).
N’ayant pas annoncé le chiffre exact des personnes inscrites sur cette liste, Bruno Retailleau a affirmé qu’ils se « comptent par dizaines ».
Outre le retrait des facilités pour ce que Retailleau désigne par « la nomenklatura algérienne », il cite également une remise en cause des accords de 1968 dans le cas où Alger refuserait de reprendre les personnes figurant sur la liste en question.