La crise entre la France et l’Algérie continue d’occuper le devant de la scène politique française. Chaque responsable politique tente de se positionner dans ce conflit inédit par son ampleur et ses enjeux.
Au sein du gouvernement, la crise divise. Il y a d’un côté Bruno Retailleau, ambitieux ministre de l’intérieur qui tente d’instrumentaliser les tensions algéro-françaises à son profit – il est candidat à la présidence du parti Les Républicains (LR) -, quitte à mettre en péril les intérêts de son pays.
Depuis le début de la crise, dont il porte une bonne part de responsabilité avec ses déclarations incendiaires, il multiplie les déclarations hostiles à l’Algérie et aux Algériens de France. Mais ces gesticulations n’ont pas permis de faire reculer Alger sur les dossiers phares qu’il défend : les OQTF et l’affaire Boualem Sansal.
L’Algérie a refusé de reprendre des dizaines d’Algériens expulsés de France, jugeant les conditions de leur expulsions non-conformes aux accords bilatéraux. Quant à Boualem Sansal – que Retailleau qualifie « d’ami », exigeant sa libération immédiate -, il a été condamné mercredi 26 mars à cinq de prison ferme. Désormais, seule une grâce présidentielle peut lui éviter de purger cette lourde peine.
Crise algéro-française : Michel Barnier se démarque de la position de Bruno Retailleau
De l’autre côté, on retrouve une ligne plus diplomatique, incarnée par Jean-Noël Barrot, avec le soutien du président Emmanuel Macron. Même si le duo semble incapable d’imposer le silence à Bruno Retailleau sur le dossier algérien, il incarne une ligne plus réaliste et plus crédible pour gérer une crise complexe avec un partenaire aussi important que l’Algérie.
D’ailleurs, même des soutiens de Bruno Retailleau vont dans le même sens. C’est le cas de Michel Barnier, éphémère Premier ministre de Macron. Même s’il a apporté son soutien à Retailleau pour la présidence du parti LR, il affiche une position différente sur l’Algérie.
"Il faut avoir un langage et une attitude qui conduisent à des résultats et non pas à des blocages. Nous devons maintenir les contacts avec l’Algérie, pays voisin avec lequel nous partageons une histoire, parfois tragique", a-t-il dit, ce vendredi dans un entretien au journal Le Figaro.
L’ancien Premier ministre de droite n’appelle pas à la dénonciation de l’accord franco-algérien de 1968. Il estime seulement qu’il doit être discuté. « S’agissant des accords de 68, ils font partie de ce dialogue et doivent être remis à plat, en commun ». Enfin, concernant Boualem Sansal, il déclare : « je le dis : un écrivain ne doit pas être en prison. Alger doit lui rendre sa liberté ».