C’est le retour à la case départ en Libye et l’Algérie est à nouveau ciblée par le camp du maréchal Khalifa Haftar pour ses positions sur le règlement de la crise qui touche ce pays.
En mars dernier, le parlement de Tobrouk (est) a nommé Fethi Bachagha au poste de Premier ministre en remplacement de Abdelhamid Dbeibah. Celui-ci refuse de transmettre le pouvoir affirmant qu’il ne le remettra qu’à un gouvernement issu d’un nouveau parlement élu, conformément à la feuille de route de règlement de la crise.
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Dernier développement en date, les milices de Khalifa Haftar ont décidé de bloquer des puits et des terminaux pétroliers pour faire pression sur le gouvernement de Tripoli.
Si le risque du retour aux affrontements est pour le moment écarté, le Premier ministre désigné affirmant qu’il n’est pas entré à Tripoli avec son gouvernement pour éviter le recours à la violence, ces nouveaux développements compliquent davantage la situation en Libye.
Dans ce contexte, le camp du maréchal Haftar s’attaque à nouveau à l’Algérie qu’il accuse de soutenir le gouvernement d’union nationale de Tripoli, relevant que le refus de Dbeibah de céder le pouvoir survient après sa visite à Alger, le 19 avril dernier.
À Alger, M. Dbeibah avait souligné le « rôle important » de l’Algérie en faveur des élections présidentielles en Libye et de leur « nécessaire tenue dans les meilleurs délais possibles« . Il a également évoqué le « soutien à la coopération économique entre les deux pays, notamment dans le domaine du pétrole et du gaz, à la lumière de la conjoncture mondiale » actuelle.
La position de l’Algérie a toujours été de soutenir la légalité internationale, le dialogue inter-libyen et le retrait de tous les mercenaires.
L’Algérie incontournable
Intervenant samedi 23 avril lors d’une rencontre avec la presse nationale, le président de la République Abdelmadjid Tebboune a rappelé que le gouvernement d’union nationale est celui que reconnaît la communauté internationale et réitéré que la solution à la crise est purement inter-libyenne.
À la proposition d’accueillir une conférence internationale sur la Libye, Abdelmadjid Tebboune a répondu que l’Algérie n’a répondu ni positivement ni négativement et suit la situation dans ce pays, « car nous ne voulons pas nous engager dans une conférence et échouer ». « Nous attendons des indicateurs de succès et non pas des indicateurs de division entre les pays arabes », a-t-il dit.
Ce n’est un secret pour personne que certains pays arabes, l’Égypte en tête, soutiennent ouvertement les forces du maréchal Haftar contre le gouvernement d’union nationale basé à Tripoli.
Abdelmadjid Tebboune a confirmé que depuis la désignation d’un nouveau premier ministre, l’Algérie n’a plus la même position que certains pays arabes sur la Libye.
Surtout, au cours de la même rencontre, le chef de l’État a souligné que « la consultation de l’Algérie est devenue nécessaire dans plusieurs dossiers, pour ne citer que le Sahel ou encore la Libye », ce qui rappelle son fameux « rien ne se fera en Libye sans l’Algérie », prononcé en mai 2020.
Tout cela sous-entend que les derniers développements procèdent aussi de la vieille volonté de certains États arabes notamment l’Égypte d’écarter l’Algérie du processus de retour à la normale en Libye.