Dans le contexte de la crise entre Paris et Alger, les Algériens de France sont souvent les premiers à ressentir les tensions et à subir les hostilités de la droite et de l’extrême droite. Et les Français qui vivent en Algérie, subissent-ils les mêmes hostilités de la part de l’Algérie ?
C’est une question qui est souvent négligée, mais qui mérite pourtant d’être soulevée. Le président de l’association Chambre de commerce et d’industrie Algéro-Française (CCIAF), Michel Bisac, a abordé le sujet.
Dans un entretien accordé ce mercredi 19 mars au journal La Dépêche, il a regretté que dans le cadre de cette crise qui relève de la « politique politicienne, on ne parle que d’OQTF ou de délinquance algérienne ».
En Algérie, « on ne ressent aucune agressivité à l’égard des Français »
Mais au final, il estime qu’on en « arrive à des choses qui sont quand même assez délirantes », au point où les responsables français auteurs de l’escalade contre l’Algérie ne parlent que « du cas algérien ».
Si en France, les ressortissants algériens et les binationaux (franco-algériens) subissent de plein fouet les répercussions de la crise, voire des hostilités de la part de la droite et de l’extrême droite, les Français établis en Algérie sont épargnés de toute agressivité, d’au moins pour le moment.
À ce propos, Michel Bisac affirme qu’en Algérie, « je tiens à le dire, dans la vie du quotidien, on ne ressent aucune agressivité à l’égard des Français ».
Toutefois, l’intervenant souligne que si les relations entre les deux pays se dégradent davantage, il est certain que cela va poser des problèmes économiques et commerciaux, surtout pour la partie française.
Dans le débat actuel en France, on ne parle que de ce que l’Algérie risque de perdre. Mais du point de vue de la CCIAF, la France va aussi perdre énormément de son côté, notamment sur le plan commercial et économique.
« Nos politiques imaginent qu’on pourrait facilement se passer de l’Algérie. Mais c’est une erreur »
« Jusqu’à maintenant, il n’y a pas de mesures officielles qui ont été prises (en Algérie) contre les entreprises françaises ou les produits d’origine France », dit-il. Mais ce qui l’inquiète, c’est cette escalade permanente qui va forcément poser de gros problèmes à terme.
Pour étayer ses propos, Michel Bisac explique que l’Algérie se fournit beaucoup en France. « Si on venait à perdre ce marché, combien de temps va-t-il nous falloir pour retrouver des clients qui soient capables de compenser ? », se demande-t-il.
Actuellement, près de 6.000 entreprises françaises travaillent avec l’Algérie et environ 400 d’entre elles sont présentes sur le sol algérien, fait-il savoir. Et face au regain des tensions, « de nombreux patrons m’ont déjà fait part de leur inquiétude ».
Pour lui, le vrai sujet ne réside pas dans ce que la France achète de l’Algérie, mais plutôt de ce qu’elle vend à l’Algérie. « Nos politiques imaginent aujourd’hui qu’on pourrait facilement se passer de l’Algérie. Mais je pense sincèrement que c’est une erreur », a affirmé le président de la CCIAF.