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Crise politique en Libye : l’industrie pétrolière quasi-paralysée

Crise politique en Libye : l’industrie pétrolière quasi-paralysée

Les exportations de pétrole sont désormais à l’arrêt dans le « croissant pétrolier » libyen, poumon économique situé dans le nord-est du pays, dans un nouvel épisode du bras de fer entre autorités politiques rivales sur la gestion des revenus de l’or noir.

Ce blocage doit aboutir à une perte de production colossale de 850.000 barils/jour sur un total d’un peu plus d’un million, alors que leur vente représente quasiment l’unique source de revenus du pays, a déploré lundi la Compagnie nationale de pétrole (NOC), qui dépend du gouvernement d’union nationale (GNA) basé à Tripoli.

Déchirée par une lutte de pouvoir acharnée et plongée dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est dirigée par deux entités rivales: le GNA, issu d’un processus onusien et reconnu par la communauté internationale, basé dans la capitale, et un cabinet parallèle installé dans l’Est.

Ce dernier est soutenu par l' »Armée nationale libyenne » (ANL) du maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de cette région orientale, qui tente de mettre la main sur la gestion des pétro-dollars, jusqu’ici sous la supervision du GNA.

L’ANL contrôle depuis 2016 le « croissant pétrolier » d’où est exporté l’essentiel du pétrole libyen. Mais la NOC, basée à Tripoli, a jusqu’ici gardé la gestion des sites et des ventes, conformément à une résolution de l’ONU.

Les revenus sont transférés à la Banque centrale dépendant du GNA, qui se charge de « redistribuer l’argent dans toutes les régions et institutions », y compris dans les zones sous contrôle des autorités parallèles.

– « Force majeure » –

Mais après que ses forces ont repoussé une attaque de groupes rivaux des terminaux de Ras Lanouf et al-Sedra, le maréchal Haftar a annoncé le 25 juin qu’il remettait la gestion des installations pétrolières sous son contrôle aux autorités parallèles.

Il a prévenu qu' »aucun pétrolier » ne serait « autorisé à accoster dans les ports de l’Est sans la permission de la NOC » basée à Benghazi (est).

En réaction, après les terminaux d’al-Sedra et Ras Lanouf –pour lesquels les exportations sont déjà gelées depuis le 14 juin–, la NOC de Tripoli a annoncé lundi qu’elle arrêtait ses opérations pour ceux de Zoueitina et d’al-Hariga.

Dans son communiqué, la compagnie nationale a précisé que les autorités parallèles avaient empêché deux chargements de brut depuis ces deux ports durant le week-end.

La NOC a déclaré ainsi « l’état de force majeure » sur Zoueitina et al-Hariga, à partir de ce lundi 11H00 (09H00 GMT).

Invoqué dans des circonstances exceptionnelles, l’état de « force majeure » permet une exonération de la responsabilité de la NOC en cas de non-respect des contrats de livraison de pétrole.

La Libye exporte ses hydrocarbures en particulier en Europe. Mais les Etats-Unis ou encore la Chine figurent aussi parmi ses clients les plus fidèles.

Selon la NOC, les pertes de production s’élèvent désormais à 850.000 b/j de brut et plus de 20 millions de m3 de gaz naturel, sans compter d’autres produits dérivés, soit un manque à gagner quotidien de 67,4 millions de dollars, a déploré la compagnie.

– « Grave conséquences » –

« Malgré les mises en garde de la NOC sur les graves conséquences de la poursuite du blocage, le Commandement général (des forces de Haftar) n’est pas revenu sur sa décision d’interdire les navires pétroliers d’entrer dans les ports pour charger leurs cargaisons », a fait valoir le patron de la NOC, Mustafa Sanallah.

« Les réservoirs de stockage sont pleins, et de ce fait la production va s’arrêter », a-t-il ajouté.

La décision controversée des autorités parallèles sur la gestion des terminaux pétroliers a ulcéré le GNA et les pays occidentaux, l’ONU et l’Union européenne, qui ont eux aussi confirmé « les droits exclusifs » de la NOC de Tripoli à exporter le pétrole.

Cette position ferme de la communauté internationale rend très difficile la vente du brut par les autorités parallèles, qui ne devraient pas trouver d’acheteurs, au risque d’être soumis à des sanctions de l’ONU.

Des sources proches des autorités parallèles de l’est affirment que l’objectif de la manœuvre n’est pas de vendre du brut mais de pousser le GNA –qui gère les revenus de pétrole– à faire des concessions.

Les pro-Haftar veulent surtout obtenir le limogeage du gouverneur de la Banque centrale, Seddik al-Kebir, leur ennemi juré accusé de soutenir financièrement leurs rivaux.

Ces querelles éloignent un peu plus les camps rivaux des engagements pris fin mai à Paris sur des élections en décembre et l’unification des institutions.

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