Le président tunisien Kaïs Saïed a annoncé dimanche 26 juillet le gel des travaux du Parlement pour un mois et s’est octroyé le pouvoir exécutif.
Il a démis de ses fonctions le premier ministre Hichem Mechichi, très critiqué pour sa gestion de la pandémie de covid-19 qui touche durement la Tunisie.
Le mouvement Ennahda, dont le chef Rached Ghannouchi présidait le Parlement, a dénoncé « un coup d’État contre la révolution et la Constitution ».
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Le parti islamiste est la principale victime des décisions prises par le président tunisien, officiellement pour éviter à la Tunisie de sombrer dans le chaos, après plusieurs mois de crise politique qui a fini par mécontenter les Tunisiens.
Les décisions du président tunisien ont suscité de nombreuses réactions à l’étranger. L’Union européenne a appelé au « rétablissement de la stabilité institutionnelle dans les meilleurs délais », l’Allemagne a exprimé ses inquiétudes et la France a souhaité « le retour, dans les meilleurs délais, à un fonctionnement normal des institutions » en Tunisie.
« C’est une affaire interne »
L’Algérie n’a rien dit. Depuis l’annonce du gel des travaux du Parlement, les présidents algérien et tunisien se sont parlé à deux reprises au téléphone. La première fois, c’était lundi 26 juillet, où ils ont évoqué la situation en Tunisie. Le deuxième entretien téléphonique entre Abdelmadjid Tebboune et Kaïs Saeïd a eu lieu hier samedi.
“L’appel téléphonique a porté sur les développements de la situation générale en Tunisie, pays frère. Le président tunisien a rassuré le Président de la République que la Tunisie est sur la bonne voie pour la consécration de la démocratie et de la pluralité, et annoncé des décisions importantes à venir”, a indiqué la Présidence algérienne dans un communiqué.
Entre ces deux entretiens téléphoniques, le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra s’est rendu à Tunis mardi, où il a rencontré son homologue tunisien et le président Saïed. Le chef de la diplomatie a dit avoir remis un message de Tebboune à Saeïd, tout en restant vague sur les discussions qu’il a eues avec le président tunisien.
Fidèle à sa politique de non-ingérence dans les affaires internes des autres pays, l’Algérie s’est gardée de se prononcer publiquement sur la crise politique qui secoue la Tunisie.
Cette position de non-ingérence a été réitérée hier samedi au Caire par le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra. « Ce qui se passe en Tunisie est une affaire interne. Nous respectons sa souveraineté et nous sommes solidaires avec elle », a déclaré le chef de la diplomatie algérienne au cours d’une conférence de presse avec son homologue égyptien Sameh Chokri.