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Crise politique : tous les regards sont tournés vers l’armée

Crise politique : tous les regards sont tournés vers l’armée

L’Algérie est à la croisée des chemins. Vingt ans après l’arrivée au pouvoir du président Bouteflika, le pays effectue un retour à la case départ, avec une crise politique et un pouvoir contesté dans la rue. Depuis le 22 février dernier, les Algériens manifestent en masse et pacifiquement pour demander au président Bouteflika de quitter le pouvoir, qu’il exerce sans partage depuis 20 ans.

Un mois après le début des manifestations, qui suscitent l’admiration du monde entier par le pacifisme et leur civisme, les regards se tournent vers l’armée, seule institution qui a été épargnée par les slogans des manifestants.

« L’institution militaire se trouve aujourd’hui devant une responsabilité historique », a estimé ce vendredi 22 mars Djamel Zenati, ancien cadre dirigeant du FFS. «De son choix dépend désormais le destin du pays », a-t-il affirmé. « Il ne sert plus à rien de perdre davantage de temps. Le désir de changement est si fort que le mouvement ne risque pas du tout l’essoufflement. Le président doit s’engager immédiatement à quitter le pouvoir au terme de son mandat pour permettre au pays de se projeter dans l’avenir. Il est urgent d’engager la réflexion et le débat sur la transition démocratique », a-t-il détaillé.

En Algérie, les deux centres du pouvoir sont la présidence de la République et l’armée. Le DRS, depuis sa dernière restructuration et son rattachement à la présidence de la République, a un rôle moins important.

Aujourd’hui, le premier centre n’a plus aucun crédit aux yeux de la population. Tout ce qu’il a proposé a été rejeté par le peuple : report de la présidentielle, conférence nationale, prolongation du 4e mandat, nouveau gouvernement… Et tout ce qu’il peut proposer dans l’avenir risque de subir le même sort.

Ses arguments n’ont également aucun effet sur les Algériens. Ils s’effondrent les uns après les autres : risque de chaos, retour des islamistes…Le chef de l’État apparaît donc peu crédible pour organiser la transition dans un pays qu’il a lui-même conduit à la crise par sa gestion et la forte implication de forces « non constitutionnelles » dans la prise de décision. Il ne reste au Président que de terminer son mandat et de quitter le pouvoir.

Face à cette situation, l’armée se trouve forcément au centre du jeu politique. Mardi 19 mars, son chef, le général Ahmed Gaid Salah, a résumé la situation : il n’y a plus que l’armée et le peuple pour décider de l’avenir du pays. Comprendre : les autres parties sont hors-jeu.

Épargnée jusque-là par les manifestants, l’armée peut effectivement jouer un rôle de facilitateur et de garant de la transition démocratique que le pays s’apprête à entamer. À la condition qu’elle ne réédite pas les erreurs du passé, notamment celle de 1992 quand les généraux ont confisqué le pouvoir, ou en 1965 lors du coup d’État militaire contre Ben Bella.

L’histoire a montré que cette voie est non seulement sans issue, mais dans la situation actuelle, où le peuple a décidé de prendre son destin en main, elle comporte des dangers pour tout le monde, à commencer par l’armée elle-même.

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