Société

Crise sanitaire : Care plaide pour un revenu exceptionnel à près de 5 millions de travailleurs

Le Cercle d’action et de réflexion sur l’entreprise (Care) attire l’attention sur la situation des travailleurs privés impactés par la crise du coronavirus et propose de leur octroyer un revenu exceptionnel.

« Le gouvernement a pris la décision de libérer la moitié des employés de la fonction publique tout en maintenant le versement de leurs salaires. Les personnels des entreprises publiques semblent avoir bénéficié de la même orientation, y compris pour celles d’entre elles qui sont forcées à l’arrêt de leurs activités. Le problème demeure néanmoins entier pour les employés du secteur privé et particulièrement pour tous les employés relevant du secteur informel et qui, dans l’incapacité de travailler, perdent ainsi la seule source de revenu à laquelle ils pouvaient accéder », écrit le Cercle dans une longue contribution publiée ce mardi 7 avril sur son site officiel.

« On peut présumer que la résilience de la population va être mise à rude épreuve au-delà d’un mois de confinement, d’inactivité et d’assèchement progressif de ses revenus (…) Les autorités publiques algériennes ne peuvent pas raisonnablement se désintéresser de ce problème », estime le cercle qui recommande, « à l’image de ce qui est fait dans de nombreux pays développés ou en développement, une aide budgétaire spécifique soit apportée à cette catégorie des citoyens qui ont pu perdre leurs revenus du fait de cette crise sanitaire qui est venue frapper l’économie nationale ».

Se référant aux données de l’Office national des statistiques (ONS) de mai 2019, le cercle Care estime approximativement à 5 millions le nombre d’employés « qui demanderaient à être assistées au cours d’une période que l’on pourrait à ce stade estimer à trois mois ».

“Si l’on s’en tient à la dernière enquête ONS sur l’emploi, datée de  mai 2019, la totalité des personnes occupées se chiffrait à 11,3 millions, parmi lesquelles 7,0 millions sont employées par le secteur privé. On ne dispose pas des informations concernant la répartition de ces dernières, entre secteur formel et secteur informel et encore moins de la proportion des activités du secteur privé qui sont affectées par la crise sanitaire actuelle. Si l’on prend comme base un taux de 70% des personnes employées qui sont touchées, on aboutit à une population de quelques 5 millions d’employés qui demanderaient à être assistés au cours d’une période que l’on pourrait à ce stade estimer à trois mois”, détaille Care.

Selon les calculs de Care, en prenant comme base une aide forfaitaire mensuelle de 10 000 DA qui serait consentie durant trois mois à cette catégorie, on aboutit à une prévision de l’impact budgétaire pour un montant global de 150 milliards de Da.

Les auteurs de la contribution reconnaissent que la décision consistant à mobiliser une telle enveloppe financière est malaisée et on peut comprendre que les autorités hésitent à s’y engager au vu de la situation des finances publiques », mais proposent deux solutions potentielles. La première, c’est une contribution de solidarité de l’ensemble des employés sur le territoire national, ceux en tout cas qui perçoivent aujourd’hui cette rémunération. « En situation de confinement, les besoins de dépenses des individus sont réduits à l’essentiel, à savoir l’hygiène, l’alimentation, l’hébergement, etc. L’idée serait alors de solliciter, sur une base progressive, les revenus supérieurs à la moyenne du salaire national (41 000 DA). L’appel aux contributions volontaires des citoyens devrait rester bien entendu totalement ouvert ».

L’autre solution proposée c’est le recours de manière exceptionnelle au financement non conventionnel par création de monnaie. « Un recours modeste qui, pour une fois, se justifierait amplement dans la mesure où il correspond à ce qui est pratiqué aujourd’hui dans un grand nombre de pays », défend le Care.

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