Conférence de presse très attendue ce mercredi 10 novembre du ministre des Affaires étrangères au Palais des nations, à l’occasion de la clôture de la conférence des ambassadeurs et consuls d’Algérie.
Actualité oblige, Ramtane Lamamra a évoqué les relations très tendues avec le Maroc et la France. S’exprimant à deux jours de l’ouverture de la conférence de Paris sur la Libye vendredi 12 novembre, le chef de la diplomatie algérienne a logiquement été interrogé sur la participation ou pas de l’Algérie et son niveau de représentation si elle décidait de prendre part.
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Ramtane Lamamra a vite mis fin au suspense sur la question en annonçant que l’Algérie y sera représentée, mais pas au niveau présidentiel. « Les conditions ne sont pas réunies pour la participation personnelle du président de la République », a-t-il précisé.
Mais l’Algérie ne boudera pas la conférence de Paris, essentiellement pour deux raisons : la volonté des Libyens de voir l’Algérie participer et les propos « raisonnables » tenus hier, mardi, par un conseiller du président français Emmanuel Macron.
« Il y a la volonté de nos frères Libyens de voir la participation active de l’Algérie à la conférence de Paris sur la Libye, à quelques semaines de l’élection prévue en Libye sœur », a indiqué Lamamra.
« Ce sont des idées qui respectent l’Algérie »
La nouvelle attitude des autorités françaises est aussi pour quelque chose dans la décision de l’Algérie : « Vous avez suivi la déclaration qui a été faite hier à partir du palais de l’Elysée. Contrairement à ce qui a provoqué la crise, cette déclaration porte des idées raisonnables. Ce sont des idées qui respectent l’Algérie, son histoire, son passé et son présent, et respectent la souveraineté algérienne. Aussi, le rôle de l’Algérie dans la région a été décrit comme essentiel et important et que l’Algérie est un acteur dont le rôle positif de la région est reconnu. »
Ramtane Lamamra faisait allusion à la déclaration faite mardi par le conseiller Afrique du Nord et Moyen-Orient au cours d’un briefing presse consacré à la conférence de Paris.
« Le Président Tebboune a bien entendu été invité par le Président de la République à participer à la Conférence internationale pour la Libye organisée à Paris le 12 novembre prochain (…) L’Algérie est un acteur majeur dans la région et le Président de la République souhaite la participation du Président Tebboune à cette conférence », a indiqué le conseiller.
Ce dernier a en outre exprimé les regrets de M. Macron des « polémiques et malentendus » engendrés par ses propos tenus le 30 septembre et assuré que « le président Macron a le plus grand respect pour la nation algérienne, pour son histoire et pour la souveraineté de l’Algérie ».
Toujours dans le chapitre des relations algéro-françaises, Ramtane Lamamra a reconnu qu’elles sont complexes du fait de l’histoire et de la forte communauté algérienne établie en France.
Le Maroc veut porter les affrontements armés dans les territoires libérés
À propos de la crise avec le Maroc, Ramtane Lamamra s’est attardé sur l’attaque qui a coûté la vie à trois routiers algériens le 1er novembre dernier alors qu’ils effectuaient le trajet Ouargla-Nouakchott.
La présidence de la République a accusé directement les forces d’occupation marocaines d’avoir commis ce « lâche assassinat « en usant d’un « armement sophistiqué», à la frontière entre le Sahara occidental et la Mauritanie. L’Algérie a en outre saisi les institutions internationales, mais aucun responsable marocain ne s’est exprimé directement sur le sujet.
Le chef de la diplomatie algérienne persiste et signe : il s’agit d’un acte de provocation du Maroc à l’égard de l’Algérie, « en porte-à-faux avec les usages et le droit international ». « Devant la gravité d’un tel acte, qui est l’assassinat d’innocents, le silence n’est pas possible », a-t-il dit.
Ramtane Lamamra a indiqué que l’Algérie a saisi les instances internationales « dans le cadre de l’action diplomatique naturelle » et « se tient à leur disposition pour leur fournir des informations supplémentaires ». Néanmoins, a-t-il précisé, la position définitive de l’Algérie restera « indépendante, souveraine et transparente » et ne sera pas tributaire de la réaction de ces institutions qui, dit-il, prennent très au sérieux cette affaire.
Selon le ministre algérien, des membres du conseil de sécurité de l’ONU ont demandé aux civils sahraouis de ne pas entraver l’activité commerciale au passage de Guerguerat mais le Maroc a usé « d’armes sophistiquées pour bloquer d’autres passages », entre la Mauritanie et les territoires livérés du Sahara occidental.
Ramtane Lamamra a estimé qu’il y a « une volonté manifeste du Maroc de porter les affrontements armés avec le Front Polisario dans les territoires libérés ».
À propos de l’information rapportée par un site marocain et faisant été de la remise par le Maroc de 11 personnes recherchées aux autorités algériennes, le ministre a indiqué ne pas « disposer d’informations précises » sur la question, tout en estimant que cela ne peut de toute façon avoir « aucun sens politique ».