« Je veux sept enfants et autant de Ballons d’Or ». Seul Cristiano Ronaldo est capable d’une déclaration pareille, sourd aux critiques sur son ambition et son ego démesurés. A 32 ans, il a quatre enfants et vient de recevoir son 5e Ballon d’Or, égalant le record de son rival Lionel Messi.
« Ça veut donc dire que je ne compte pas m’arrêter là. Tant que je jouerai, j’ambitionnerai de gagner tout ce que je peux gagner. Et, l’an prochain, il y en aura un autre à aller chercher », poursuivait-il le 17 novembre dans cet entretien sans filtre à L’Equipe.
En clair, il était sûr d’avoir son 5e Ballon d’Or -il n’y avait pas vraiment de suspense puisqu’il avait gagné la Ligue des champions et la Liga avec le Real Madrid- mais répondait surtout à ceux qui le disent vieillissant.
Cristiano Ronaldo dos Santos Aveiro a toujours agi ainsi avec ses détracteurs. « Si j’avais un joueur comme moi, je le prolongerai pour au moins dix ans », avait-il lancé en septembre 2016 en toute modestie. « Parce que je suis riche, je suis beau, je suis un grand joueur, les gens me jalousent », taclait-il auparavant en 2011.
Le grand public lui a toujours témoigné un mélange d’admiration et de rejet. Il reste un des meilleurs joueurs de la planète (doublé en finale de la dernière Ligue des champions) et un des plus détestés.
Le multi-millionnaire avait choqué l’Espagne en crise à l’été 2012 en se disant « triste » de son sort au Real, avant de resigner un contrat mirobolant l’année suivante (prolongé encore depuis, son contrat court jusqu’en 2021).
Cet été, quand son entourage avait fait fuiter des envie de départs du Real, beaucoup y voyaient une manoeuvre pour être soutenu par le club madrilène, alors qu’il était mis en examen pour fraude fiscale.
– ‘Plus puissant et plus important’ –
Message entendu, puisque Florentino Perez, président du Real, lançait peu de temps après que Cristiano est « beaucoup plus puissant et plus important que tous ceux (nous, au Real) qui sommes ici ».
CR7, c’est une diva, mais aussi un bourreau de travail, parvenu au sommet du football mondial. Issu d’une famille modeste, moqué pour son fort accent de Madère lorsqu’il a quitté son île natale pour Lisbonne à 12 ans, le mal-aimé a serré les dents. Et redoublé d’efforts.
En 2008, une première Ligue des champions avec Manchester United (2003-2009), débouchant sur son premier Ballon d’Or, avait déjà récompensé l’explosion de ce dribbleur d’exception, formé au Sporting Portugal.
Après un transfert « galactique » au Real en 2009 pour 94 millions d’euros, record mondial à l’époque, la deuxième C1 est arrivée en 2014 grâce à ses 17 buts (nouveau record), puis la troisième en 2016 avec 16 buts du Portugais, puis la quatrième en 2017 avec 12 buts (encore une fois meilleur buteur).
Et record après record, cet ailier rapide et puissant (1,85 m, 80 kg), habile des deux pieds comme de la tête, est notamment devenu le meilleur buteur absolu de l’histoire du Real Madrid, de la Ligue des champions et de la sélection portugaise.
En 2016, Ronaldo a aussi comblé un vide: en remportant enfin un trophée majeur avec le Portugal en tant que capitaine, l’Euro-2016 en France, il est devenu un héros national, refermant la cicatrice de la finale de l’Euro-2004 perdue à domicile.
– Mère porteuse et aéroport –
Que demander de plus après cinq Ballons d’Or (2008, 2013, 2014, 2016, 2017)? A la ville, ce dieu du stade aux cheveux gominés affiche un train de vie fastueux et aime montrer ses abdos musclés, ses bolides rutilants ou son jet privé sur les réseaux sociaux.
Et Ronaldo s’affiche désormais sur les réseaux sociaux aux côtés d’une nouvelle compagne, l’Espagnole Georgina Rodriguez, et de ses bambins (quatre au total, Cristiano Junior et les jumeaux Eva et Mateo, tous trois nés d’une mère porteuse, et Alana Martina qu’il a eue avec Georgina Rodriguez).
Business oblige, son image s’est déclinée sous la forme d’une ligne de sous-vêtements et d’un parfum, ainsi que d’un musée à sa gloire à Madère, où l’aéroport a été rebaptisé de son nom.
Sur son île natale, une statue grandeur nature reproduit sa manière de fêter les buts, bras tendus et jambes écartées. Et elle immortalise déjà la légende d’un joueur désireux d’être « le meilleur de tous les temps ».
« Quand j’arrêterai ma carrière, je regarderai les statistiques pour voir si je suis parmi les meilleurs, et j’y serai sûrement », prévient souvent Cristiano Ronaldo. Inimitable.