« Les musulmans de France sont victimes d’une stigmatisation permanente dans certains médias comme dans l’ensemble de l’échiquier politique ». Dalil Boubakeur donne le ton.
Dans une tribune publiée ce jeudi 22 mars dans Le Point, le recteur de la Grande Mosquée de Paris s’est attaqué à toute une frange de l’élite sociale entretenant, selon lui, un climat islamophobe en France.
« Depuis des années, nous assistons à la banalisation d’une islamophobie décomplexée dans notre vie quotidienne et dans toutes les strates de la société », écrit-il, rappelant les différentes polémiques qui ont émaillé la vie politique et sociétale au détriment de la communauté musulmane – le débat sur le halal, les prières de rue ou celui sur l’identité nationale.
Avant de poursuivre : « Ces bien-pensants alimentent régulièrement l’idée que l’islam est une religion guerrière et violente. (…) Mais nous refusons que certains intellectuels, journalistes ou hommes politiques, forts de leur position dominante et dans un esprit d’amalgames sidérants, alimentent dans notre pays l’impression générale de beaucoup de Français qui cèdent à la peur d’un islam décrit comme intrinsèquement fanatique. »
Du répit pour les musulmans
Égratignant au passage l’ancien Premier ministre Manuel Valls, qui en novembre 2017 avait parlé du « problème de l’islam en France », Dalil Boubakeur refuse que les musulmans français servent de « boucs émissaires » devant les réels problèmes auxquels la France doit faire face. Il demande « la présomption d’innocence républicaine » pour l’islam et les musulmans de France, « avant que d’être condamnés et voués aux gémonies ».
Après avoir rappelé que tous les religieux musulmans, « dont ceux de la Mosquée de Paris » condamnent fermement les actes terroristes, l’enseignement dévoyé du Coran et que l’intégrisme n’est pas « le seul apanage de l’islam », Boubakeur, qui a été snobé par Emmanuel Macron en janvier dernier lors des vœux adressés aux autorités religieuses, semble également avoir profité de cette tribune pour tacler le chef de l’État, pointant du doigt sa détermination à réformer l’islam de France : « Un citoyen libre ne doit pas être soumis régulièrement à une doxa arbitraire ou vexatoire qui l’enferme, voire le ghettoïse en raison de son appartenance réelle ou supposée à une religion. Et avec comme seule solution, « réorganiser l’islam, voire le changer ! »
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Avec cette tribune, Dalil Boubakeur, qui n’entre plus vraiment dans les plans de l’Élysée, a sans doute vu l’occasion de signifier qu’il était encore une figure importante du paysage musulman français.
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