L’ONG de défense des droits humains Amnesty International a fait part dans un rapport publié ce mercredi de ses principales préoccupations en matière de droits humains en Algérie en 2018.
« En 2018, les autorités ont restreint de façon injustifiée les droits à la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association, notamment en procédant à l’arrestation et à la détention arbitraire de journalistes et de militants sur la base de dispositions très restrictives du Code pénal », affirme Amnesty, ajoutant que les autorités « ont maintenu une interdiction de facto de manifester dans la capitale, Alger, et ont fait usage d’une force excessive pour disperser des manifestants pacifiques dans plusieurs villes du pays ».
« Durant l’année 2018 encore, les autorités ont laissé de nombreuses associations dans l’incertitude juridique. En raison de leurs convictions, des membres de la minorité religieuse musulmane ahmadie ont été harcelés par le pouvoir judiciaire », indique l’ONG.
Évoquant le volet de la liberté d’expression, Amnesty International a déploré une nouvelle fois que les autorités ont encore en 2018 « utilisé des dispositions du Code pénal pour bâillonner la liberté d’expression ». « Au moins sept journalistes et six militants ont été arrêtés et placés en détention en vertu de telles dispositions. Plusieurs d’entre eux ont été jugés et condamnés, dans certains cas à une peine d’emprisonnement », indique Amnesty.
L’ONG a également pointé du doigt l’interdiction « de facto de manifester dans Alger, en application d’un décret non publié de 2001 », avançant qu’« en plusieurs occasions, les forces de sécurité ont dispersé arbitrairement des personnes au motif que le rassemblement auquel elles participaient n’avait pas été autorisé ».
« Entre janvier et avril, à Alger, les forces de l’ordre sont intervenues, parfois au moyen d’une force excessive, contre plusieurs manifestations pacifiques d’internes en médecine qui protestaient contre leurs conditions de travail », rappelle Amnesty. En juillet, les forces de sécurité ont dispersé par la force des manifestants rassemblés à Ouargla pour protester contre le chômage. En septembre, les autorités ont empêché des sympathisants de Mouwatana, un mouvement politique mobilisé contre un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, de se rassembler pacifiquement à Constantine et Bejaïa », rappelle encore l’ONG.
Au sujet de la liberté d’association, Amnesty affirme : « cette année encore, les pouvoirs publics ont maintenu dans un vide juridique de nombreuses associations, dont Amnesty International Algérie, en n’accusant pas réception de leur demande d’enregistrement soumise en application de la Loi relative aux associations, extrêmement restrictive ».
« Les autorités ont poursuivi les opérations répressives entamées en août 2017 contre les migrants venus d’Afrique subsaharienne. Plusieurs milliers de personnes ont ainsi été arrêtées arbitrairement, placées en détention, transférées de force dans l’extrême sud du pays et expulsées vers les pays voisins », dénonce par ailleurs l’ONG. « En avril, les forces de sécurité ont procédé à des arrestations massives dans la ville d’Oran lors d’opérations de ratissage au cours desquelles des migrants ont été frappés à coups de matraque et roués de coups de pied », rappelle l’organisation.
« Au cours de l’année, plus de 12 000 Nigériens et plus de 600 personnes venues d’autres pays d’Afrique subsaharienne, parmi lesquels des hommes et des femmes en situation régulière, réfugiés ou demandeurs d’asile, ont été sommairement expulsés vers le Niger », affirme Amnesty. « Parallèlement, les autorités ont transporté de force au moins 11 000 personnes originaires de pays d’Afrique subsaharienne à la frontière avec le Niger, et les ont abandonnées là. Plus de 3 000 autres ont été conduites de la même façon à la frontière avec le Mali », indique l’ONG.