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« De 10.000 à 15.000 nouveaux cas quotidiens de Covid-19 dans le grand Alger »

« De 10.000 à 15.000 nouveaux cas quotidiens de Covid-19 dans le grand Alger »

L’Algérie a franchi la barre des 900 cas quotidiens de Covid-19 et enregistré un nouveau record des contaminations journalières de 902 nouveaux cas hier lundi. Toutefois, les chiffres officiels sur les infections au Covid-19 en Algérie suscitent toujours des doutes et un spécialiste estime carrément qu’ils sont largement inférieurs à la réalité.

De 10 000 à 15 000 nouveaux cas de contamination au coronavirus sont enregistrés chaque jour rien que sur la région du grand Alger, bien au-delà des chiffres nationaux officiels actuellement présentés par le ministère de la Santé, affirme le professeur Réda Djidjik, chef de service d’immunologie médicale au CHU Béni Messous, sur les hauteurs d’Alger.

« Nous sommes en phase d’une recrudescence réelle de cas de Covid-19. On peut l’appeler deuxième vague, mais peu importe le nom, nous sommes dans l’acte II d’une augmentation de recrudescence  de cas de Covid-19 », affirme le professeur Djidjik dans un entretien accordé à TSA.

« Ce qui diffère entre les deux vagues est que la deuxième est plus importante en nombre de contaminations. Nous avons probablement quelques milliers de cas par jour », fait savoir le spécialiste.

« Je peux vous donner une idée : sur le grand Alger, nous avons mille pharmacies et il y a eu un sondage demandant à chacune combien de traitements Covid les officines vendent par jour. Je parle du traitement azithromycine, vitamine C et zinc : La première ligne de traitement qu’on donne », explique le professeur.

« Chaque pharmacie en vend entre 30 et 50 traitements par jour. Si on multiplie par mille, ça fait 40 000 ventes de traitements Covid par jour sur le grand Alger. Peut-être qu’il y aurait certains malades qui exagèrent en achetant avant les symptômes mais même en enlevant 10 000 de ce nombre, on peut avoir à mon sens 10 000 à 15 000 nouveaux cas par jour dans le grand Alger », a affirmé le chef de service d’immunologie médicale au CHU Béni Messous.

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« Les chiffres donnés officiellement sont ce qu’ils sont »

Interrogé sur les chiffres publiés officiellement par le ministère de la Santé, le professeur Djidjik estime que « les chiffres donnés officiellement sont ce qu’ils sont. Ils corrèlent avec le nombre de tests PCR que nous faisons. Malheureusement, nous ne sommes pas arrivés à faire des PCR en grande quantité », déplore le spécialiste.

« Moi je dis actuellement, ce n’est pas grave. En situation de pandémie telle que nous vivons actuellement, il ne sert plus à rien de tester. Il faut traiter et prendre en charge correctement les malades », préconise-t-il dans ce contexte.

Évoquant la possibilité d’une deuxième vague épidémique plus virulente, le professeur Reda Djidjik a fait savoir que l’aggravation de la situation n’est pas due à une plus grande virulence mais plutôt à une augmentation importante du nombre de cas de contamination, et par conséquent des formes les plus sévères de la maladie.

« Cette nouvelle vague touche les personnes en grande quantité, mais en matière de virulence je ne pense pas qu’il y ait eu de changements. Si vous voyez plus de cas à l’hôpital, c’est parce qu’il y a beaucoup de cas contaminés. C’est proportionnel », indique le professeur Djidjik.

« On sait qu’environ 1 % des contaminés vont faire une forme sévère de Covid-19. Plus il y a de cas contaminés, plus il y a de cas sévères à gérer dans les hôpitaux. Qui dit augmentation de cas sévères, dit augmentation de décès », explique le professeur qui ajoute que « nous avons tiré la sonnette d’alarme au mois de septembre, on a senti au niveau des hôpitaux des malades qui affluent avec des détresses respiratoires jusqu’à arriver à des chiffres alarmants actuellement au moins de novembre ».

Le chef de service d’immunologie médicale au CHU Béni Messous a également évoqué le nombre de décès causés par le coronavirus durant cette deuxième vague en Algérie, affirmant que « si on compare le nombre de décès aux mois d’avril/juin/juillet avec celui des mois octobre/novembre, il est vrai que nous avons moins de décès ».

« Actuellement, la maladie est mieux connue et mieux gérée. Elle est mieux maîtrisée par les collègues. Nous connaissons mieux la maladie, nous savons mettre les traitements qu’il faut. Avant, il n’y avait pas l’utilisation d’anticoagulants et d’anti-inflammatoires qui permettent actuellement de sauver beaucoup de patients. C’est pour ça que nous avons peut-être moins de décès par rapport aux mois d’avril et de juillet, mais ça reste quand même une situation alarmante », met en garde cependant le professeur.

Dans ce contexte, le spécialiste dit craindre que « vu le nombre de contaminés, nous aurons certainement à gérer beaucoup de malades en réanimation et beaucoup de décès ».

« Il n’y a plus un lit de réanimation »

« Malheureusement, avec le nombre de cas très important, nous avons des cas qui nécessitent de l’oxygène en grande quantité. Ce sont ces cas qui posent problème au niveau des hôpitaux, particulièrement au niveau de Beni Messous, la structure où je travaille. Nous sommes en saturation, les hôpitaux sont saturés, il n’y a plus un lit de réanimation, il n’y a plus de lit d’hospitalisation pour donner de l’oxygène aux malades. C’est pour ça que nous tirons la sonnette d’alarme », indique le professeur Djidjik, qui lance un appel pour « freiner la chaîne de contamination »

« Je pense qu’il faut agir pour freiner cette chaîne de contamination. Il faut couper les chaînes de transmission pour que les hôpitaux respirent un peu et prendre en charge les malades atteints au moment où on est », plaide le chef de service d’immunologie médicale à Beni Messous.

« Pour couper cette transmission, il n’y a pas mieux que de confiner les citoyens. Il faut confiner les citoyens, il faut les gestes barrière, porter le masque, se laver régulièrement les mains, fermer les grandes surfaces et les espaces où il y a plus de trois ou quatre personnes… Il faut briser la chaîne de contamination afin de laisser respirer les structures hospitalières pour qu’on puisse prendre en charge les cas graves », conclut le professeur Reda Djidjik.

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