L’Assemblée générale des Nations unies a attribué mardi aux Palestiniens, au simple statut d’observateurs, des pouvoirs légaux supplémentaires afin qu’ils puissent exercer en 2019 la présidence du Groupe des 77, un nouveau rôle critiqué par les Etats-Unis.
Une résolution en ce sens, présentée par l’Egypte, a été approuvée par 146 pays sur les 193 composant l’ONU. Trois pays ont voté contre –les Etats-Unis, Israël et l’Australie–, quinze pays se sont abstenus.
Au-delà de son enjeu juridique, ce texte est accompagné d’une grande symbolique alors que les Palestiniens n’ont pas d’Etat et que l’administration de Donald Trump semble avoir remis à après les élections américaines de novembre la divulgation d’un plan de paix destiné à régler le conflit israélo-palestinien.
Le 27 septembre, en marge de l’Assemblée générale annuelle de l’ONU, « le Groupe des 77 et de la Chine » –qui comprend en réalité 134 pays au total– avait choisi la Palestine pour assumer sa présidence tournante en 2019.
Créé à l’origine pour favoriser les intérêts économiques de ses membres, le G77, la plus grosse coalition d’Etats en développement au sein des Nations unies, est aujourd’hui une force de négociation non négligeable parmi l’Organisation, notamment sur les questions budgétaires.
Son statut d’observateur à l’ONU, et non pas de membre, ne lui conférant cependant pas tous les attributs légaux pour exercer cette présidence, la Palestine avait besoin d’une résolution pour pouvoir exercer son mandat sans passer pour chaque décision ou chaque réunion par l’intermédiaire d’un Etat membre de l’ONU.
La résolution contient une série de modalités « pour la participation de l’Etat de Palestine » aux différentes sessions et conférences internationales auxquelles participera le G77 l’année prochaine.
Une annexe jointe cite, entre autres, « le droit de faire des déclarations au nom du Groupe des 77 et de la Chine », « le droit de se porter coauteur de propositions et d’amendements » et « le droit de soulever des motions de procédure ».
– « Reconnaissance internationale » –
Le texte de la résolution rappelle que « l’Etat de Palestine » est déjà « partie à de nombreux instruments conclus sous les auspices de l’Organisation des Nations unies et qu’il est membre à part entière de plusieurs institutions spécialisées et organes de l’Organisation des Nations unies ».
« Les Palestiniens sont observateurs » et cette résolution leur donne « la capacité de parler, de parrainer des textes, des prérogatives qu’ils n’ont pas », a expliqué un diplomate sous couvert d’anonymat.
Présider le G77 « permettra aux Palestiniens d’obtenir une reconnaissance internationale, montrera qu’ils sont un acteur international capable de parler d’autre chose que du conflit israélo-palestinien », a ajouté ce diplomate.
Brouillés avec les Palestiniens depuis la reconnaissance il y a près d’un an de Jérusalem comme capitale d’Israël, les Etats-Unis ont exprimé leur vif désaccord avec le nouveau rôle dévolu aux Palestiniens.
Les Etats-Unis « sont fermement opposés » à la décision du G77 d’être présidé par la délégation palestinienne à compter de janvier, a déclaré devant l’Assemblée générale l’ambassadeur américain adjoint, Jonathan Cohen.
« Il est tout à fait inapproprié qu’un membre observateur représente des Etats à l’ONU », a-t-il insisté, en soulignant qu’une paix au Proche-Orient ne peut survenir que par des « négociations directes entre Palestiniens et Israéliens ».
Contrairement au Conseil de sécurité, Washington n’a pas à l’Assemblée générale de droit de veto pour empêcher l’adoption d’une résolution. Les Etats-Unis y ont un droit de parole et de vote à l’égal des autres membres.
Les Palestiniens peuvent se targuer d’avoir réalisé mardi un bon score lors du vote.
Lorsque, fin 2017, l’Assemblée générale de l’ONU avait été saisie d’une résolution condamnant la décision américaine de reconnaître unilatéralement Jérusalem comme capitale d’Israël, 128 pays sur 193 l’avaient approuvée. Neuf, dont les Etats-Unis, s’y étaient opposés. Sous forte pression américaine, 35 pays avaient choisi l’abstention et 21 la chaise vide.
Fin septembre, lors de son discours annuel devant l’Assemblée générale, le président palestinien Mahmoud Abbas avait affirmé que « 183 pays » de l’ONU avaient « reconnu » l’Etat de Palestine. Il avait alors appelé « tous les pays du monde, et ceux qui ne l’ont pas fait, à effectuer cette reconnaissance ».