Politique

Début de vote des Algériens de l’étranger : un premier vrai test pour le pouvoir

D’imposantes marches populaires ont eu lieu hier, lors du 42e vendredi du Hirak à travers de nombreuses wilayas du pays. À Alger, la mobilisation a été massive, semblable sans doute à celles enregistrées durant les premières semaines du Hirak en mars dernier, avant la démission de Bouteflika.

À Bejaia, Sétif, Annaba, Tizi Ouzou, Oran, Mostaganem, Bordj Bou Arreridj et dans plusieurs autres villes, la forte mobilisation a également été au rendez-vous. Ils étaient des centaines de milliers, peut-être mêmes quelques millions à travers le pas. Il faut dire que ce vendredi est un jour particulier : c’est le dernier avant le scrutin du jeudi 12 décembre.

Deux mots d’ordre ont dominé les slogans de ce vendredi : le rejet de l’élection présidentielle et l’appel à une grève générale à partir de dimanche 8 décembre. Mais malgré cette nouvelle forte mobilisation des Algériens dans la rue, le pouvoir et les cinq candidats restent imperturbables. Du moins en apparence. Ce vendredi, alors que les derniers manifestants venaient à peine de se disperser, les cinq candidats avaient déjà rejoint les studios de l’ENTV pour le fameux « débat » de la présidentielle.

Pour le pouvoir, l’élection du 12 décembre n’est pas seulement « la seule option pour sortir de la crise ». Elle constitue, selon lui, une demande de la majorité des Algériens. Jeudi, sur la chaîne saoudienne Al Hadath, Mohamed Charfi, président de l’ANIE, l’autorité chargée d’assurer un scrutin transparent, a même affirmé que le nombre de manifestants dans les marches en faveur de la présidentielle était supérieur à celui des marcheurs qui participent aux manifestations du Hirak.

Tout l’enjeu de l’élection du 12 décembre, et pour le pouvoir et pour le hirak, se résume au taux de participation, duquel se décidera dans une large mesure la suite du bras de fer en cours.

Une première indication devrait intervenir dès ce samedi, premier jour des opérations de vote pour la communauté algérienne à l’étranger. Cette première journée de l’opération électorale est éminemment importante surtout pour le pouvoir, qui répète depuis quelques temps que la majorité des Algériens sont en faveur de l’élection.

Durant tous les scrutins qu’a connus l’Algérie depuis l’avènement du pluralisme politique il y a trente ans, le vote des expatriés est perçu comme un baromètre de ce que va être la suite, notamment le taux général de participation.

En 1995, lors de l’élection présidentielle qui avait porté Liamine Zeroual au pouvoir, les images de milliers d’électeurs algériens en France se précipitant dans les bureaux de vote dès le premier jour avaient largement contribué à crédibiliser le vote auprès de la communauté internationale. Comme aujourd’hui, l’élection de 1995 avait été présentée comme la seule solution à la crise.

Aujourd’hui, la donne a complètement changé. L’Algérie de 2019 ne ressemble en rien à celle de 1995 qui était touchée de plein fouet par un terrorisme aveugle. Contrairement à 1995, les Algériens de l’étranger sont bien informés sur la situation. Ils participent activement au Hirak à travers des manifestations hebdomadaires dans les grandes capitales européennes et au Canada.

Le pouvoir ne dispose plus des mêmes relais à l’étranger. Depuis le début de la campagne électorale, des institutions comme la Grande Mosquée de Paris se montrent discrètes. Aucun candidat n’a mené campagne auprès de nos compatriotes à l’étranger. Même dans leurs meetings en Algérie, la communauté algérienne à l’étranger a été totalement ignorée…

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