Madani Abassi (communément appelé Abassi Madani) est décédé ce mercredi 24 avril à l’âge de 88 ans. Il était l’un des fondateurs du Front islamique du salut (FIS).
Né le 28 février 1931 à Sidi Okba (Biskra), fils d’un imam, il est initié très jeune à l’histoire religieuse et à l’enseignement coranique. Il s’installe avec sa famille à l’âge de dix dans la ville de Biskra, où il est inscrit dans une médersa mais où il fréquente également l’école française pendant deux ans où il apprend la langue française. Il adhère à la fin de ses études secondaires au Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques (MTLD).
Abassi Madani prend part au début de la Révolution au 1er novembre 1954 aux côtés de Rabah Bitat, mais échoue dans sa tentative d’attentat à l’explosif contre les locaux de Radio Alger. Il est arrêté 17 jours après le début de la Révolution, et passe toute la durée de la guerre de libération en prison avant d’être libéré en 1962. Il devient alors instituteur dans une école à Alger tout en militant dans l’association Al Qiyam, qui sera interdite en 1966 par le président Boumediene. Il prépare une licence de philosophie à l’université d’Alger puis une thèse de troisième cycle sur l’enseignement en Algérie.
Devenu professeur en sciences de l’éducation à la faculté des sciences humaines de Bouzaréah, il séjourne de 1975 à 1978 à Londres (Royaume-Uni) où il prépare et soutient une thèse d’État comparative sur les systèmes d’enseignement français, anglais et algérien (doctorat de psychologie de l’éducation). Après son retour, il fait connaissance avec un certain Ali Belhadj au début des années 80.
Il est arrêté en 1982 pour avoir co-rédigé une pétition au président Chadli Bendjedid lui demandant d’appliquer les principes islamiques, suite à la deuxième grande grève des étudiants arabisants d’Alger. Il est libéré un an plus tard et fait des mosquées une tribune politique. Les émeutes d’octobre 1988 propulsent sur le devant de la scène le mouvement islamiste.
Il annonce le 18 février 1989 en compagnie d’Ali Belhadj à la musquée Al Sunna de Bab el Oued la création du Front islamique du salut (FIS), qui parvient à s’imposer comme le principal mouvement islamiste. Abassi Madani est président du FIS, parti agréé en septembre 1989. Il est arrêté le 30 juin 1991 dans le cadre de l’état de siège instauré le 5 juin de la même année en réponse aux émeutes ayant éclaté à la suite de la grève illimitée à laquelle avait appelé le FIS. Poursuivi pour sept chefs d’inculpation, donc conspiration contre l’armée et la sécurité de l’État, Il est condamné à 12 ans de prison, mais bénéficie en 1997 de la liberté conditionnelle et d’une assignation à résidence.
« Contrairement à Belhadj avec lequel il partage habilement les rôles, [Abassi] veut donner une image rassurante de son mouvement et de son islam. Plein de malice, il cultive volontairement l’ambiguïté et l’imprécision pour éluder les questions gênantes », affirme l’encyclopédiste Achour Cheurfi dans une biographie sur Abassi Madani, ajoutant : « Derrière une courtoisie apparente se profile un fondamentaliste intransigeant ».