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Décès de Hakim Debbazi : les appels à une enquête se multiplient

Décès de Hakim Debbazi : les appels à une enquête se multiplient

Hakim Debbazi, détenu du Hirak, est mort dimanche 24 avril à la prison de Koléa après deux mois de détention provisoire.

Il a été enterré lundi à Hadjout dans la wilaya de Tipaza. Plusieurs personnalités, défenseurs et organisations des droits de l’Homme, partis politiques ainsi que de simples citoyens continuent de réagir, réclamant l’ouverture d’une enquête impartiale et appelant la justice à cesser de faire de la détention provisoire une règle et non une exception comme le veut la loi.

Pendant ce temps, les autorités gardent le silence. Ni le ministère de la Justice ni le Parquet n’ont réagi.

Amnesty International a appelé les autorités algériennes à ouvrir une enquête « indépendante, approfondie et transparente » sur les circonstances de la mort de Hakim Debbazi, et à rendre publiques ses conclusions. 

L’organisation internationale de défense des droits de l’Homme rappelle dans sa déclaration que « la détention provisoire devrait rester exceptionnelle selon la législation nationale ». « Nous exhortons les autorités à libérer les personnes en détention provisoire en attendant leurs procès pour éviter l’irréparable », écrit-elle.

Hakim Debbazi a été arrêté et incarcéré en février dernier pour des publications sur les réseaux sociaux.

« C’est malheureux et triste de voir la facilité avec laquelle des gens sont jetés en prison et oubliés dans les méandres des procédures, pour des faits souvent banals », dénonce pour sa part Me Miloudi Brahimi dans un entretien à El Watan publié ce mercredi 27 avril.

La détention provisoire, « un désastre national »

L’avocat et ancien président de la Ligue algérienne des droits de l’Homme (LADH) a lui aussi dans le viseur la détention provisoire qu’il qualifie de « véritable désastre national ». 

« C’est une violation flagrante de la loi. Des personnes présumées innocentes sont privées, de manière systématique, de leur liberté alors qu’elles peuvent être laissées en liberté en attendant leur procès. Plus grave encore, bon nombre d’entre elles se révèlent innocentes après le procès. Elles quittent la prison avec de lourdes séquelles. Le cas du jeune militant du hirak, détenu à Koléa et décédé il y a quelques jours, est révélateur. Ces détentions sont contraires à la loi. Elles ne servent ni la justice ni le justiciable », déclare Miloud Brahimi au même journal.

Du côté de la classe politique, la mort du militant est également dénoncée et la même exigence d’une enquête est exprimée.

Karim Tabbou, coordinateur de l’Union démocratique et sociale (UDS, parti non agréé) estime que Hakim Debbazi « a été arbitrairement incarcéré pour de fallacieux prétextes ».

« Les autorités ont annoncé à sa famille que Hakim est décédé des suites d’un arrêt cardiaque dû à une grave déficience respiratoire. Bien sûr que le pouvoir demeure et demeurera le seul et unique responsable de sa mort », accuse Karim Tabbou.

Abdelouahab Yagoubi, député immigration du Mouvement de la société pour la paix (MSP) appelle le ministère de la Justice à « éclairer l’opinion publique sur les circonstances exactes de la mort en prison de ce détenu politique ».

« Une commission d’enquête devrait être formée pour déterminer les responsabilités de chacun dans cette tragédie », lit-on dans un communiqué du député qui estime en outre qu’ il faudrait, à l’occasion de l’Aïd, « libérer tous les détenus politiques afin de concrétiser les valeurs de tolérance, et l’arrêt définitif des persécutions des citoyens pour des délits d’opinion ».

Zoheir Rouis, vice-président de Jil Jadid, écrit pour sa part sur Twitter que « ce décès pose légitimement des  questions sur ses circonstances et des explications s’imposent ».

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