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Décision de l’UA : un revers pour Israël et le Maroc

Le sommet de l’Union africaine a décidé ce dimanche de geler l’admission d’Israël en tant que membre observateur de l’organisation continentale. Il s’agit du premier revers diplomatique pour Israël depuis longtemps.

Paradoxalement, c’est au moment où les gouvernements israéliens successifs font fi comme jamais des droits des Palestiniens, avec une flagrante politique de colonisation, qu’Israël a obtenu ce derrière quoi il court depuis sa création il y a près de 75 ans, la reconnaissance par des Etats arabes.

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Négociés en 2020 sous l’égide de l’ancien président américain Donald Trump, les accords dits d’Abraham ont permis à Israël de normaliser ses relations avec quatre Etats arabes supplémentaires, les Emirats, le Bahreïn, le Maroc et le Soudan, qui ont rejoint l’Égypte et la Jordanie.

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Parallèlement, Israël s’est déployé sur un autre front, celui de l’Afrique où il a également engrangé des reconnaissances, ouvert des ambassades et tissé des liens économiques. Au Maghreb, il a pu mettre un pied grâce à la normalisation de ses relations avec le Maroc depuis décembre 2020. Avec ce pays, il a signé un protocole de coopération en matière de défense, ce qu’il n’a fait avec aucun autre pays arabe.

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Ce rapprochement sans précédent avec le Maroc a coïncidé avec l’admission, en catimini, d’Israël comme membre observateur de l’Union africaine. En catimini, car le président de la commission africaine, Moussa Faki, a surpris tout le monde en l’annonçant le 22 juillet 2021.

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Depuis son retour au sein de l’organisation continentale, le Maroc a multiplié les attitudes susceptibles de créer la division, en tentant d’abord de faire exclure la République sahraouie, pourtant membre fondateur de l’UA. Le projet a été mis en échec par l’Algérie et ses alliés qui émargent au registre des poids lourds politiques du continent.

L’opposition des poids lourds africains

Et c’est le même bloc qui est en train de faire barrage à l’admission d’Israël, une décision en porte à faux non seulement avec les positions de l’UA vis-à-vis de la cause palestinienne, mais aussi avec les fondements de cette organisation d’un continent qui a souffert des affres de la colonisation.

Une opposition qui n’a donc rien d’antisémite comme l’Algérie le rappelle à chaque fois en réponse aux campagnes marocaines visant à la présenter comme telle, mais qui s’inscrit en droite ligne avec les idéaux du panafricanisme.

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La première protestation officielle a eu lieu en août dernier sous la forme d’une lettre rédigée par les ambassadeurs à Addis-Abeba de 7 pays membres, dont l’Algérie et l’Égypte.

Acculé, Moussa Faki a accepté de présenter la question au conseil exécutif (ministres des Affaires étrangères) qui, faute de consensus, a décidé de s’en remettre au sommet des chefs d’État. Celui-ci s’est tenu les 5 et 6 février à Addis-Abeba et a décidé de geler la qualité de membre observateur d’Israël.

Après cette réunion, le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra a pointé du doigt l’activisme du Maroc pour permettre à Israël de garder son statut de pays observateur au sein de l’UA. Le chef de la diplomatie algérienne avait en effet regretté le fait que la « proposition du Nigeria, élaborée avec l’Algérie, tendant à restaurer immédiatement le statu quo ante n’ait pas été acceptée par une minorité activiste représentée par le Maroc et quelques-uns de ses proches alliés dont la République démocratique du Congo qui a assuré une présidence particulièrement partiale de la séance ».

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Certes le sommet n’a pas tranché puisqu’il s’est déclaré toujours saisi de la question et a chargé un comité de sept chefs d’État, dont celui de l’Algérie, de lui formuler des recommandations, mais il s’agit d’un revers pour Israël et ses alliés africains.

Le sommet a pris cette résolution par consensus, mais sur le fond de la question, les Etats d’Afrique demeurent divisés. Il est indéniable qu’Israël dispose de soutiens dans le continent -presque les mêmes qui s’alignent sur les thèses du Maroc concernant le Sahara occidental- et même si son admission venait à être définitivement annulée, cela ne l’empêchera pas de poursuivre son déploiement diplomatique et économique dans le cadre de ses relations bilatérales avec les pays où il a mis le pied.

Mais la défaite diplomatique dans cet épisode est aussi incontestable au vu du poids des États qui tentent de lui fermer les portes de l’Union africaine, soit l’Algérie et l’Afrique du Sud, dont les présidents sont d’ailleurs désignés dans le comité des chefs d’État, et l’Égypte qui a signé la lettre de protestation d’août dernier. Autant dire que c’est la partie la plus importante de l’Afrique qui ne veut pas d’Israël, un État colonial, en son sein.

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