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Déclaration de Gaid Salah : l’armée a-t-elle un plan de sortie de crise ?

Déclaration de Gaid Salah : l’armée a-t-elle un plan de sortie de crise ?

L’Armée revient sur la scène politique nationale par la grande porte. Ce mardi à Ouargla, le général Ahmed Gaid Salah, chef d’état-major de l’ANP, a demandé l’application de l’article 102 de la Constitution qui prévoit la destitution du chef de l’Etat pour cause de maladie grave. Pour Gaid Salah, c’est la solution pour sortir de la crise qui secoue le pays depuis plusieurs semaines.

Ce qui était redouté par certains et souhaité par d’autres est donc arrivé : l’armée prend les choses en main, en invoquant des risques d’atteinte à la stabilité du pays, après plus d’un mois de manifestations populaires pacifiques.

L’intervention de Gaid Salah, qui a lu son discours à partir d’une caserne militaire à Ouargla, survient une semaine après son ultimatum lancé au clan présidentiel pour trouver une solution à la crise.

Le 18 mars, à Bechar le chef de l’état-major de l’ANP affirmait : » Toute personne sage et circonspecte est consciente, de par son patriotisme et sa clairvoyance, que pour chaque problème existe une solution, voire plusieurs, car les problèmes, aussi complexes qu’ils soient, trouveront indéniablement une solution convenable, voire adéquate. Ainsi, nous avons l’intime conviction qu’un sens aiguisé de responsabilité est requis pour apporter ces solutions au moment propice ».

Comprendre : la solution de « transition » proposée par Bouteflika n’est pas la bonne. Mais il n’a pas été entendu : jeudi 20 mars, le clan présidentiel a réaffirmé par le biais de Ramtane Lamamra et à partir de Berlin, son attachement à la feuille de route de Bouteflika, malgré son rejet massif par la population. Lundi, le FLN, après quelques tiraillements, a également réaffirmé son soutien au plan de Bouteflika. En face, les Algériens continuent de dire non à cette fausse transition.

Dans ce contexte, Gaid Salah a décidé de prendre les choses en main. Les arguments justifiant sa demande ne manquent pas. Le chef d’état-major de l’ANP a, en apparence, agi en réaction à la situation d’impasse que vit l’Algérie à cause de l’entêtement du clan de Bouteflika à rester au pouvoir et à contrôler la transition, contre l’avis du peuple.

Mais les arguments pour critiquer l’intervention directe Gaid Salah ne manquent pas. Sa demande, qui est en réalité un ordre adressé au Conseil constitutionnel, est arrivée tardivement, sachant qu’en 2013 après que le président ait été victime d’un AVC, une partie du pouvoir, incarnée par l’ex-DRS du général Toufik, avait demandé, sans l’assumer la destitution de Bouteflika pour raison de santé. Et si le chef de l’Etat a réussi à se maintenir au pouvoir, c’était grâce au soutien du puissant patron de l’armée. Ironie du sort, c’est Gaid Salah lui-même qui demande aujourd’hui la destitution du président pour les mêmes raisons invoquées à l’époque.

Mais l’essentiel n’est pas là. Le régime de Bouteflika est aujourd’hui fini et son plan de sortie de crise n’est plus d’actualité. L’enjeu concerne désormais sur la suite des événements. Le clan présidentiel, dont fait partie le président du Conseil constitutionnel Tayeb Belaiz, va-t-il tirer un dernier baroud d’honneur avant de se retirer ? Et que propose concrètement l’armée ?

La demande de l’application de l’article 102 ne peut pas constituer à elle seule une solution à la crise actuelle. Le peuple ne réclame pas uniquement le départ de Bouteflika, il veut du changement. Un vrai. L’armée doit maintenant expliquer comment elle entend gérer la suite.

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