Le Pr Noureddine Zidouni, est spécialiste en pneumologie. Il aborde dans cet entretien la situation sanitaire liée au covid en Algérie et commente les décisions du Conseil des ministres sur l’allègement du confinement
L’Algérie connait une décrue des contaminations au covid-19. Quelle est votre explication ?
Nous avons déjà connu une 3e vague assez virulente, ceci étant lié aux particularités du variant Delta, qui est plus contagieux que la souche initiale.
Le nombre de malades a donc augmenté d’une façon exponentielle. Actuellement, on est en train d’amorcer une descente avec moins de pression sur les hôpitaux. Cependant, il ne faut pas baisser la garde.
Le président de la République a donné des instructions pour alléger le confinement avec notamment la réouverture des plages et des lieux de loisirs. Comment cela va-t-il se traduire ?
Le chef de l’État a surtout conditionné ce déconfinement par la poursuite de la baisse des contaminations. Il faut donc qu’il y ait des données qui soient validées sur la prévalence de la morbidité, c’est-à-dire le nombre réel des cas qui sont diagnostiqués par la PCR ou le test antigénique. Il faut des données précises sur le nombre réel (de cas) par wilaya, daïra et hôpital…
Il faut des données validées comme le fait très bien l’Institut national de santé publique (INSP), et ce pendant deux à trois semaines pour que l’on puisse calculer, apprécier et analyser la tangente de la courbe baissière.
Et ce afin de réduire toute cette pression sur la société vu qu’il est difficile de maintenir la population trop longtemps en confinement.
D’après vous, faut-il vacciner les moins de 18 ans ?
Oui parce qu’on se rend compte que même si la proportion de cette frange de la société touchée par le covid n’est pas semblable à celles des adultes, mais les cas qui apparaissent méritent que l’on s’intéresse à cette population de moins de 18 ans pour la vacciner.
Surtout que les vaccins (notamment chinois) sont traditionnels. On connait leur efficacité. À ceux qui me demandent s’ils peuvent faire vacciner leurs enfants, je leur dis faites-le.
Surtout qu’on est à l’approche de la rentrée scolaire. Il y a aussi la volonté de vacciner en masse les personnels éducatifs et administratifs et techniques de l’éducation nationale ce qui est une très bonne initiative.
Donc, même avec cette décrue, on doit rester vigilant ?
Il faut rester vigilant même si on a un seul cas diagnostiqué dans tout le pays, car vous connaissez la vitesse de propagation du virus.
Il faut que les pouvoirs publics ne rassurent pas à tort la population, comme cela a été fait précédemment et qui en grande partie est à l’origine du relâchement dans l’application des mesures préventives : port du masque, distanciation sociale et lavage fréquent des mains.
Il faut continuer à observer les mesures barrières. Aujourd’hui encore je vois des cortèges de mariées et des dizaines de personnes se faire la bise. Il faut avoir les moyens de sa politique, si on dit qu’il faut des mesures barrières strictes eh bien les pouvoirs publics doivent veiller à leur application.
Vous êtes un des experts qui défendent l’utilisation de l’antiparasitaire l’ivermectine. Pourquoi ?
Nous avons été les premiers à proposer et à persuader les autorités à avoir recours à l’hydroxychloroquine. Malheureusement, les appels de sirènes qui nous sont venus des pays du nord de la Méditerranée ont eu raison de certains de nos collègues dont beaucoup ont discrédité cet antibiotique.
Parce qu’il faut savoir que l’azithromycine n’est efficace que si il est associé à la chloroquine dès les premiers symptômes. Maintenant, il parait qu’un antiparasitaire qui est donné en médecine vétérinaire, et qui a commencé à être donné en médecine humaine pour traiter la gale, a montré au Chili, en Argentine et dans d’autres pays, qu’il est très efficace.
Il a été prouvé que deux doses à 72 h d’intervalle suffisent à entraîner une baisse de la charge virale. Et je me demande pourquoi mes amis du Conseil scientifique ne posent pas ce problème et n’étudient pas la question.
Personne n’en parle et je suis étonné de cette absence de considération pour ce produit. C’est le rôle du conseil scientifique de débattre de la contemporanéité des sources d’informations et des publications assez suffisamment nombreuses et validées. On doit attirer l’attention sur les traitements précoces.