La JS Kabylie n’a pas réussi à épingler un autre titre africain à son riche palmarès. Samedi soir, elle s’est inclinée à Cotonou (Bénin) en finale de la Coupe de la Confédération face aux Marocains du Raja de Casablanca par 2 buts à 1.
La déception est énorme dans les rangs des supporters du club le plus titré d’Algérie qui, faut-il le souligner, vient de perdre sa première finale africaine. Il en a joué six entre 1981 et 2002 et les a toutes gagnées.
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Malgré la désillusion, le public reste néanmoins fier de ce qu’a accompli cette jeune équipe sur laquelle personne ne misait un sou en début de saison. On lui a même prédit la descente en division inférieure.
Avec très peu de moyens et un effectif parmi les plus jeunes et les moins payés du championnat algérien, la JSK a déjoué tous les pronostics, réalisant un bon parcours en championnat et allant jusqu’en finale de coupe d’Afrique, qu’elle vient de perdre sur le fil, et de coupe de la Ligue qu’elle disputera prochainement avec beaucoup de chance de l’emporter.
Le public ne peut donc nullement en vouloir aux protégés de l’entraîneur Denis Lavagne qui ont fait plus que ce qui était attendu d’eux, dépassant largement les objectifs du club.
Mais au vu de la physionomie de la rencontre face aux Marocains, il est normal que les supporters se mordent les doigts. Car ces jeunes de la JSK viennent de passer à côté de quelque chose de grandiose.
Le trophée était à leur portée et ils l’ont laissé leur filer entre les doigts. Le Raja, en crise interne à cause de ses errements en compétition locale, n’a pas montré le visage d’un foudre de guerre.
Lorsque les joueurs de la JSK ont repris leurs esprits en seconde période, après avoir été cueillis à froid durant le premier quart d’heure du match, ils ont dominé l’adversaire de la tête et des épaules, avec une possession de balle largement supérieure et de nettes occasions d’égaliser.
Même si elle est composée d’un effectif jeune, le niveau de l’équipe n’est pas en cause. Le staff technique a fait un excellent travail pendant la saison et la JSK est bien partie pour faire parler d’elle la saison prochaine.
Quand la CAF met son grain de sel
Hélas, il y a eu ce quart d’heure fatal en début de match où les Marocains ont marqué deux buts que la JSK n’aurait peut-être pas encaissés en « conditions normales ». C’est-à-dire en évoluant sans pression, comme elle l’a fait en demies face à Coton Sport ou en quarts face aux Tunisiens de Sfax.
La pression a en effet été fatale pour l’équipe kabyle dans cette finale. Sur le premier but, il y avait un manque flagrant de concentration, sur le deuxième, la défense centrale était hésitante.
Sur presque l’ensemble de la première mi-temps, les joueurs de la JSK ont multiplié les passes ratées et les pertes de balle. Plusieurs ballons faciles sont partis en touche ou rendus à l’adversaire. Pour les spécialistes, c’est un signe de forte pression, de panique. Les Jaune et Vert ont donné l’impression d’être tétanisés par l’enjeu. Ils ont joué avec la peur au ventre, la peur de mal faire.
Ils sont jeunes, ils manquent d’expérience en compétitions africaines et c’est compréhensible. Même des joueurs aguerris pouvaient flancher devant la forte pression qui a entouré la rencontre du côté de la JSK.
Cela fait dix ans que le club n’a pas gagné de titre et il est normal que les supporters s’enthousiasment et allument les réseaux sociaux des semaines durant. Sauf que tout ce qui a été fait et dit sur les réseaux sociaux ces dix derniers jours s’est répercuté sur le mental des joueurs et on l’a vu pendant le match.
Le visage montré en première mi-temps n’est pas celui de la JSK et cela ne peut s’expliquer que par la forte pression. Les jeunes joueurs sont entrés sur le terrain avec la peur de décevoir le public qui a montré un enthousiasme qu’ils n’ont jamais vu dans leur carrière qui débute.
Et avec les réseaux sociaux, il est difficile de couper les joueurs de l’environnement du match pour les protéger de la pression.
Comme si tout cela ne suffisait pas, la CAF est venue mettre son grain de sel quelques heures avant le match en interdisant à l’équipe d’évoluer avec ses maillots floqués en caractères amazighs. La direction du club a fait la course contre la montre pour mettre les jeux de tenue en conformité avec le caprice de dernière minute de l’instance africaine.
Ceux qui ont parlé de « tentative de déstabilisation » et l’ont imputée au « lobby marocain de la CAF » n’ont peut-être pas tort. En tout cas, c’en était trop pour les jeunes joueurs de la JSK.