Les médecins algériens souhaitant poursuivre leurs cursus d’études à l’étranger sont confrontés à un « blocage » au niveau du ministère de l’Enseignement supérieur.
Le député de la communauté algérienne établie en France Abdelouahab Yagoubi a interpellé, via une question orale à l’Assemblée populaire nationale, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Kamel Baddari concernant le refus d’authentification des diplômes et des relevés de note des médecins désireux de poursuivre leurs études à l’étranger.
Les universités étrangères exigent que les diplômes et les relevés de notes soient authentifiés par les ministères de l’Enseignement supérieur et des Affaires étrangères, selon le député Abdelouahab Yagoubi.
L’exigence de l’authentification de ces documents en question a été décidée pour lutter contre le phénomène de trafic de diplôme, explique-t-il.
Néanmoins, beaucoup de médecins algériens qui ont des opportunités d’aller poursuivre leurs études à l’étranger se voient refuser l’authentification de leurs diplômes par le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, selon le parlementaire. D’autres membres du corps médical sont dans la même situation, révèle Abdelouahab Yagoubi.
Le député dénonce un “arbitraire” et une décision “sans aucun ancrage juridique”. Contacté par TSA ce jeudi 17 août, Abdelouahab Yagoubi déplore des “restrictions sur les libertés individuelles”.
“L’Algérie forme beaucoup de médecins. Il n’y a pas assez de postes budgétaires pour embaucher tout le monde. En même temps, on empêche des médecins d’aller poursuivre leurs études à l’étranger. Ni on les recrute, ni on les laisse profiter des opportunités qu’ils ont à l’étranger alors que certains d’entre eux sont au chômage”, regrette Abdelouahab Yagoubi qui demande des précisions sur ce sujet au ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique.
Plus de 20.000 médecins algériens partis à l’étranger
Que ce soit dans le cadre de la poursuite de leurs études ou d’une installation définitive, de nombreux médecins algériens quittent le pays pour l’étranger.
Le président du syndicat national des praticiens de la santé publique, Lyes Merabet, estime à plus de 20 000 le nombre de médecins ayant quitté l’Algérie pour s’installer à l’étranger.
Parmi les raisons qui poussent les médecins algériens à s’exiler figure la question des conditions socio-professionnelles. Les salaires que perçoivent les médecins du service public en Algérie sont jugés en deçà des attentes.
Pour Lyes Merabet, les médecins doivent toucher un salaire minimum de 140.000 dinars par mois. Actuellement, le salaire des médecins généralistes exerçant dans le service public est en moyenne estimé à 75 000 dinars tandis qu’il est de l’ordre de 130 000 à 140 000 pour les médecins spécialistes, selon le président du syndicat des praticiens du service public.
La question des salaires n’est pas la seule raison qui pousse les médecins à partir à l’étranger selon Lyes Merabet qui évoque également un net recul du statut du médecin au sein de la société algérienne.