Sport

Déplacement au Cameroun : pourquoi ce n’est pas la grande bousculade

Les autorités algériennes souhaitent déplacer un grand nombre de supporters au Cameroun pour soutenir l’équipe nationale de football qui jouera, le 25 mars, face à la sélection locale, le match aller du barrage qualificatif pour le Mondial 2022.

La décision d’organiser le déplacement des supporters a été prise par le président de la République. Le prix du voyage, tous frais compris, a été fixé dans un premier temps à 85 000 dinars avant d’être ramené à 50 000 dinars.

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La vente des billets a commencé au niveau des agences de l’office public Touring club d’Algérie (TCA). Le premier constat qui peut être fait c’est que ce n’est pas encore l’engouement malgré la revue à la baisse des frais du voyage.

L’Algérie a organisé en 2009 une importante opération de déplacement de supporters. C’était au Soudan où l’équipe nationale affrontait l’Égypte dans un match barrage qualificatif pour le mondial 2010.

« L’épopée d’Omdurman » est restée dans les mémoires à cause du résultat final (victoire des Verts 1-0) mais surtout par ce pont aérien qui a permis de déplacer, selon les estimations, une vingtaine de milliers de supporters algériens en comptant les membres de la diaspora qui ont fait le déplacement par leurs propres moyens à partir de nombreux pays étrangers.

Il ne s’agit pas de rééditer l’opération, cette fois impossible déjà par le simple fait que le match ne se déroulera pas sur terrain neutre. C’est le Cameroun qui reçoit et il va de soi qu’il n’acceptera pas une forte présence des supporters de l’équipe adverse, auxquels il ne peut réserver que les quotas réglementaires.

Les autorités algériennes ont prévu de déplacer 1800 supporters, à bord de 12 avions d’environ 150 places chacun. Mais même ce quota risque de ne pas être atteint au vu de la cadence des inscriptions.

Un contexte très différent de celui de 2009

Si la désaffection se confirme, elle s’expliquerait par plusieurs facteurs. D’abord, et contrairement à 2009, le voyage n’est pas gratuit et aucune autre facilité, comme la délivrance de passeports dans l’urgence pour ceux qui n’en disposent pas, n’est prévue, hormis celles ayant trait au soutien au prix du billet.

Même subventionné, celui-ci demeure hors de portée de larges franges de supporters, de surcroît dans un contexte de crise économique aggravée par les retombées de deux années de restrictions liées au covid.

Même parmi les fans de l’équipe nationale qui ont les moyens de se payer le voyage, il y en a sûrement qui jugent que leur présence au stade de Douala ne sera pas d’une grande utilité aux coéquipiers de Ryad Mahrez au milieu des 50 000 supporters locaux. Le barrage se jouera sur deux manches et c’est à Blida que le public algérien pourra peser de tout son poids. C’est à Blida aussi que la qualification se jouera.

Pour rester dans la comparaison avec Omdurman, l’enjeu à l’époque avait dépassé le cadre sportif, notamment après l’agression des joueurs de l’EN au Caire et tout ce que les Algériens avaient entendu dans les médias égyptiens.

Il y a aussi le risque des maladies tropicales et la contrainte de la vaccination préalable, ainsi que le fait que le Cameroun ne soit pas une destination touristique qui pourrait tenter une partie des supporters à la découvrir à bas prix.

Enfin, et c’est peut-être le plus inquiétant, il est à craindre qu’une partie du public, déçue par le visage montré par les Verts lors de la dernière CAN, n’a pas trop d’espoir de voir les coéquipiers de Ryad Mahrez passer l’écueil du Cameroun.

Et cela risque d’être peu apprécié par le groupe. Lors de sa dernière conférence de presse, le sélectionneur Djamel Belmadi a salué l’attitude du public qui a sportivement accepté la débâcle de la CAN et n’a pas été ingrat avec l’équipe qui lui a procuré tant de joie. Les supporters doivent lui confirmer, ainsi qu’aux joueurs, qu’ils ont toujours leur confiance. C’est important pour le moral.

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