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Des cas de dermatose nodulaire contagieuse bovine détectés en Algérie

Des cas de dermatose nodulaire contagieuse bovine détectés en Algérie

Suite à l’apparition de foyers de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) bovine en Algérie, les services agricoles ont annoncé, samedi, la prise des mesures nécessaires pour endiguer la propagation de cette maladie.

Ils indiquent que la situation est sous contrôle et que l’ensemble des moyens de prévention et de lutte sont mobilisés. Cette maladie apparaît après celle de la MHE survenue en France qui a entraîné l’arrêt par l’Algérie de toute importation de bovins sur pied français.

C’est à travers un communiqué paru, le samedi 22 juin, que le ministère de l’Agriculture algérien, a rassuré les éleveurs que la « situation sanitaire est maîtrisée et que tous les moyens nécessaires de prévention et de lutte sont mobilisés afin d’accompagner les professionnels et d’éviter la propagation de la maladie dans notre cheptel ».

La DNC est une maladie causée par un virus qui affecte uniquement les bovins et qui est non transmissible à l’homme. Comme pour la maladie hémorragique épizootique (MHE), la transmission est due à des insectes piqueurs et se caractérise par de la fièvre et des nodules de diverses tailles sous la peau de l’animal.

Il existe un vaccin permettant de prévenir la propagation de la maladie. Et des mesures d’acquisition de ce vaccin ont été décidées auprès de l’Institut Pasteur d’Algérie, selon le communiqué.

Le ministère recommande l’application stricte de mesures visant à l’interdiction de déplacements des animaux pour les exploitations infectées, l’isolement des animaux atteints ainsi que la désinfection des locaux et des outils.

Dans les cas de suspicion, il est demandé aux éleveurs de se rapprocher des services vétérinaires les plus proches.

Le quotidien El Moudjahid rapporte l’apparition d’un foyer de DNC dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Les localités de Tadmaït et Draâ El Mizan sont concernées, selon Hamid Saidani, président de la Chambre locale de l’agriculture.

Lors d’une intervention à la radio locale, il a appelé les éleveurs locaux à « faire preuve de beaucoup de vigilance pour protéger leur bétail de cette maladie qui se propage principalement par des insectes vecteurs, tels que les moustiques et les mouches, ainsi que par contact direct avec les animaux infectés ».

Le DNC intervient alors qu’en France des cas de MHE ont été décelés, ce qui a entraîné l’arrêt des importations de bovins.

Ces deux maladies sont liées à des insectes piqueurs. La résurgence du DNC peut s’expliquer par la hausse des températures en ce début de la saison estivale. Celle-ci peut accélérer les cycles de reproduction de ces parasites.

De simples mesures d’hygiène et d’amélioration de l’ambiance des bâtiments abritant les bovins peuvent réduire leur pullulation.

Il est établi qu’au cours de sa vie, la mouche pond jusqu’à 1.200 œufs. En conditions chaudes et humides, il faut moins de 10 jours pour compléter le cycle. Jusqu’à 12 générations en un été. Aussi pour les spécialistes de l’élevage : « La lutte contre les mouches passe principalement par la destruction des larves et des pupes ».

Coopération pour l’amélioration des techniques d’élevage

En 2012, afin d’améliorer la vulgarisation des techniques modernes dans les étables, le projet Alban a été lancé entre l’Institut technique des élevages, et l’Office national du lait (ONIL) pour la partie algérienne et la région de Bretagne du côté français.

À l’époque, le quotidien Ouest-France, indiquait que ce programme était « estimé à 2,28 millions d’euros. Il est financé aux deux tiers par l’Algérie et un tiers par la région Bretagne ».

Pour les entreprises françaises représentées au sein du groupement Bretagne International, l’intérêt du programme consistait à améliorer leur présence sur le marché algérien.

Le programme a permis de mettre sur pied des groupes d’appui aux éleveurs laitiers (GAPEL). L’objectif visait à mettre en place « un suivi personnalisé des éleveurs et d’institutionnaliser le partage des bonnes pratiques, notamment s’agissant de l’hygiène de l’élevage et de l’alimentation, et de la conduite du troupeau », comme le rappellent ses promoteurs.

L’expérience a concerné 4 wilayas : Souk Ahras, Blida, Relizane puis Ghardaïa. Au bout de quelques mois, la production des éleveurs suivis a augmenté de 30 à 40 %, selon les services agricoles.

En 2017, chez les 100 adhérents du Gapel de la wilaya de Souk Ahras, la production quotidienne du lait de vache a connu une hausse « passant de 9,92 litres par vache en 2012 à 18 litres à la fin du mois de septembre 2017 », confiait à l’agence APS le directeur du GAPEL local.

À l’époque, dans la presse locale, les techniciens français du projet Alban s’étonnaient qu’avant la traite, les pis des vaches ne soient pas désinfectées pour prévenir les mammites.

Ils ajoutaient que ces affections de la mamelle se traduisaient par une perte de milliers de dinars alors que le désinfectant ne coûtait que quelques dinars.

Dans le cas de certains insectes piqueurs, la bouse de vache constitue un milieu idéal de reproduction. « Moins de 3,6 secondes après l’émission d’une bouse, les insectes arrivent », prévient Marc Giraud, spécialiste des insectes des élevages.

Parmi les dizaines d’espèces de parasites figurent « les Sepsidés, minuscules mouches ressemblant à des fourmis volantes qui forment parfois des essaims de centaines de milliers d’individus ».

Pour les éleveurs, il s’agit donc de trouver des parades afin de réduire le développement de ces parasites.

Outre le risque de baisse de la production, dans le cas de la DNC, la présence de nodules est la cause d’une moindre qualité du cuir provenant des individus atteints.

Des groupements de défense sanitaire

Dès le début des années 1950, la filière élevage française a mis sur pied des Groupements de défense sanitaire (GDS). Sur la base d’une aide publique et de cotisations symboliques selon le nombre de têtes de bétail détenues par les éleveurs, chaque GDS pouvait recruter ses propres techniciens et vétérinaires.

Le but était de structurer les éleveurs dans une association professionnelle aux côtés des vétérinaires et des services départementaux de l’agriculture, d’autant plus qu’à l’époque, de nombreux animaux étaient atteints de tuberculose bovine, une maladie transmissible à l’homme aujourd’hui éradiquée.

Entre alimentation des animaux, conduite du troupeau, génétique, ambiance des bâtiments et hygiène pour être performant, l’élevage laitier repose sur un mode d’organisation rigoureux.

L’expérience positive du projet Alban de 2012 souligne l’intérêt de partenariats gagnant-gagnant entre la France et l’Algérie.

Le cas des foyers de DNC en Algérie peut être l’occasion de voir comment les éleveurs étrangers et en particulier français tentent de venir à bout de la MHE, cette maladie également provoquée par des insectes piqueurs.

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