Les chrétiens d’Europe de l’Ouest, pratiquants ou non, sont plus enclins que les personnes sans appartenance religieuse à critiquer immigrés et musulmans, selon une étude portant sur 15 pays publiée mardi par le Pew Research Center.
L’institut américain indépendant a mené à la mi-2017 une vaste enquête en Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Finlande, France, Irlande, Italie, Norvège, aux Pays-Bas, au Portugal, en Suède, Suisse et au Royaume-Uni.
En France, 45% des chrétiens (très majoritairement catholiques ou protestants) pratiquants, c’est-à-dire qui assistent à un service religieux au moins une fois par mois, déclarent que « l’islam est fondamentalement incompatible avec la culture et les valeurs de (leur) pays », contre 20% des citoyens sans appartenance religieuse. Le phénomène est encore plus marqué en Allemagne (55% des chrétiens pratiquants contre 32% des sans religion sont de cet avis) et en Italie (63% et 29%).
Malgré les appels répétés du pape François et des Eglises protestantes à accueillir des exilés, les chrétiens sont également plus susceptibles d’être en faveur d’une réduction de l’immigration que leurs concitoyens sans appartenance religieuse.
L’Italie, au coeur d’une crise migratoire continue depuis 2015, se distingue avec un taux de 63% de chrétiens pratiquants favorables à un accueil réduit, contre 36% des sans religions.
Le Portugal est le pays le plus tolérant sur cette question, avec 33% des pratiquants demandant une politique migratoire plus restrictive (26% des sans religion).
En France, les chrétiens qui sont pratiquants (35%) et ceux qui ne le sont pas (36%) sont sensiblement du même avis, contre 21% des sans religion.
Le centre de recherches Pew note que les catholiques sont plus enclins à des opinions négatives sur l’islam que les protestants, comme l’illustre le cas de l’Allemagne, où 31% des fidèles du pape disent avoir « l’impression d’être étrangers dans leur propre pays » en raison du nombre de musulmans, contre 19% des héritiers de Luther.
Le Pew Research Center a réalisé son enquête d’avril à août 2017 auprès de 24.599 adultes, avec des échantillons d’environ 1.500 personnes et plus dans chaque pays. Les entretiens téléphoniques ont été menés sous la direction de l’institut de sondages GfK Belgique. Marges d’erreurs de 2,7 à 3,4 points selon les Etats.