Diaspora

Des coachs de la diaspora pour façonner des pépites de la Tech en Algérie

L’association Djazpora qui compte des membres de la diaspora en France et dans le monde a conclu le 18 novembre un partenariat avec l’USTHB pour détecter des pépites de la Tech en Algérie.

Fayçal Kaddour, le président de l’association, nous en dit davantage sur cette union. Impressionné par la qualité des talents en Algérie, il explique les besoins des porteurs de projets.

Des membres de cette association vont coacher des porteurs de projets afin de détecter et de façonner des pépites de la Tech en Algérie. Parmi ces coachs figurent des chefs d’entreprises et des cadres installés en France et ailleurs dans le monde.

Vous avez signé un partenariat avec l’USTHB pour encadrer des étudiants porteurs de projets. Concrètement, comment cet encadrement va-t-il se faire et sur quelle période ?

Le partenariat s’est fait sur une durée de 3 ans renouvelable avec l’incubateur de l’université de Bab Ezzouar qui s’appelle Tech-Innov. Il regroupe 200 projets, à raison de 6 étudiants en moyenne par projet, ce qui fait un total de 1.200 étudiants.

On va, avec l’aide des encadrants de Tech-Innov, sélectionner certains projets, en fonction de nos ressources pour les accompagner. On choisira les projets qu’on estime les plus avancés et les plus pertinents.

On mettra à leur disposition des formations avec les membres de notre communauté établie à l’étranger, qui viendront tout au long de l’année leur faire des ateliers thématiques, sur comment monter un business model efficace, comment pitcher, comment mettre au point une stratégie de levée de fonds, etc.

En fonction du niveau de développement des porteurs de projets et de leur évolution, ceux-ci auront un accompagnement adapté avec un mentor qui restera en contact avec eux et les accompagnera tout au long de l’année.

Le nombre exact de projets qu’on va accompagner est de 10 à 20, en fonction des ressources de la diaspora qu’on doit mobiliser toute l’année pour faire un travail le plus efficace possible.

Notre objectif n’est pas quantitatif, mais d’être vraiment efficace et efficient pour les étudiants qu’on accompagne.

Comment la diaspora algérienne en France peut-elle aider des porteurs de projets à devenir de futurs entrepreneurs ?

Ce n’est pas uniquement la diaspora en France qui encadrera les étudiants algériens. Djazpora est aussi présente à Londres, en Belgique, au Luxembourg, au Moyen-Orient et aux États-Unis. La diaspora viendra vraiment de partout pour encadrer les étudiants de Bab Ezzouar.

Parmi eux, il y a des chefs d’entreprise, des personnes qui travaillent dans des grands groupes et qui ont fait des levées de fonds. Toute cette expérience sera mise à disposition des porteurs de projet.

Il faut aussi savoir que chez Djazpora, il y a des personnes qui ont grandi, fait leurs études en Algérie et même entrepris en Algérie. Elles connaissent alors l’écosystème algérien et vont utiliser cette énergie dans l’intérêt des porteurs de projet pour que leurs projets puissent naître.

On leur souhaite tout le succès et on va tout donner pour les accompagner au mieux.

Allez-vous étendre ce projet à d’autres universités algériennes ?

C’est ce qu’on souhaite faire. On va en discuter avec d’autres universités, pas forcément sur le format d’une convention, mais ça pourrait être des interventions plus ponctuelles ou bien des conventions comme celle faite avec l’USTHB.

Notre objectif est donc de travailler avec d’autres universités. Au fur et à mesure que l’association Djazpora grandit, on pourra apporter plus de ressources et ainsi, développer plus de partenariats.

À notre échelle, on s’investit sur le long terme et il faut savoir que tous les membres de Djazpora sont bénévoles qui ont une profonde attache pour l’Algérie, son histoire et ses valeurs.

Ces personnes sont venues à leurs frais et ont donné de leur temps afin de contribuer à leur échelle au développement de ce beau pays.

En Algérie, vous avez rencontré des porteurs de projets et probablement de futurs entrepreneurs. Qu’avez-vous remarqué ?

Les porteurs de projets en Algérie brillent par leur talent, leur passion et leur détermination. Ce sont des jeunes animés par une soif d’apprendre, d’innover et de construire un avenir meilleur.

Leur énergie débordante et leur enthousiasme communicatif témoignent d’un engagement sincère envers leurs idées.

Grâce à une formation académique solide et exigeante, les jeunes Algériens disposent d’excellentes compétences techniques et scientifiques, qui leur permettent de développer des projets ambitieux et novateurs.

Qu’est ce qui manque aux porteurs de projets en Algérie ?

L’Algérie vit une véritable renaissance entrepreneuriale. Ces dernières années, un engouement sans précédent pour la création d’entreprise s’est manifesté, soutenu par une mobilisation générale des acteurs publics et privés.

Cet écosystème, en plein essor, repose sur un alignement des volontés pour encourager, accompagner et valoriser les initiatives entrepreneuriales.

Djazpora apporte sa pierre à cet édifice en s’investissant activement auprès des jeunes porteurs de projets. Nous collaborons, par exemple, avec l’incubateur universitaire de l’USTHB, dans le cadre d’un partenariat structurant. Ce partenariat vise à offrir un accompagnement sur mesure, axé sur des aspects essentiels tels que la définition d’une stratégie d’entreprise solide, la conception de business models performants, les projections financières réalistes et ambitieuses, les techniques de valorisation et la préparation aux levées de fonds.

Nous insistons également sur le développement des soft skills, un aspect fondamental qui mérite d’être renforcé, particulièrement chez les profils à forte spécialisation scientifique.

Par ailleurs, Djazpora siège au sein d’une commission ministérielle qui réunit le ministère de l’Enseignement supérieur, le Conseil du renouveau économique algérien, et d’autres acteurs clés.

Cette instance stratégique œuvre à rapprocher le monde académique et celui de l’entreprise. Nous tenterons de connecter les porteurs de projets que nous accompagnons avec des industriels capables de les orienter, les inspirer et, dans certains cas, de collaborer directement avec eux.

Incontestablement, l’Algérie est une terre de talents. Prenons, par exemple, le brillant Lakhdar Hamidatou, dont le projet de kit de refroidissement pour panneaux solaires avait dès l’année dernière attiré l’attention de Djazpora et du CREA.

C’est ainsi que son innovation l’a conduit à présenter son projet directement au président de la République lors de la Semaine de l’Entrepreneuriat 2023.

Ce succès est loin d’être isolé. Je suis convaincu qu’il existe des dizaines, voire des centaines de jeunes aussi talentueux à travers le pays.

Ces esprits créatifs et audacieux ne demandent qu’à être soutenus, orientés et valorisés. C’est en leur offrant des opportunités à la hauteur de leur potentiel que nous pourrons transformer leurs idées en réalisations concrètes et faire émerger les industriels et leaders de demain.

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