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Des députés européens adressent un 2e avertissement au Maroc

Des députés européens ont adressé, ce vendredi 10 décembre, un courrier au Premier ministre marocain, Aziz Akhannouch, dans lequel il exprime ses inquiétudes quant au respect des droits civiques des citoyens marocains.

Ce message diplomatique à l’égard du Maroc vient rappeler que l’Europe continue de suivre de près la situation des opposants politiques et les conditions d’application de la liberté d’expression dans le Royaume.

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Dans ce courrier, félicitant tout d’abord le Maroc pour la formation de son nouveau gouvernement en octobre dernier, les élus du Parlement européen ont tenu à interpeller les nouveaux représentants sur l’importance des libertés individuelles.

En plus de nos félicitations, notre lettre souhaite exprimer notre plus vive préoccupation concernant la situation des droits de l’Homme au Royaume du Maroc et particulièrement dans la région du Rif”, écrivent les membres du Parlement européen.

Les élus européens soulignent la répression du Hirak dans le Rif. Depuis octobre 2016 et le début du Hirak marocain, les parlementaires  européens estiment que “la région a malheureusement été témoin d’un large éventail de violations des droits de l’Homme, selon des organisations de la société civile locale”.

Plusieurs participants au Hirak rifain ont été arrêtés et emprisonnés pour leur participation au mouvement de contestation. Les députés européens rappellent le cas des militants Nasser Zefzafi, Mohamed Jelloul et Nabil Ahamjik arrêtés et condamnés à de lourdes peines de prison. Ils sont encore aujourd’hui derrière les verrous.

Le mouvement du Hirak au Maroc a commencé en 2016 suite à la mort de Mohcine Fikri, un vendeur de poissons broyé par une benne à ordures alors qu’il tentait d’empêcher des policiers de jeter son poisson, pêché hors période légale.

Son décès avait alors déclenché une série de manifestations pour dénoncer le traitement des habitants du Rif par les autorités marocaines. Les manifestations avaient été violemment réprimées, attirant les critiques de nombreuses associations et ONG luttant pour les droits humains et la liberté d’expression.

Menaces sur la liberté d’expression

Un autre sujet inquiète fortement les parlementaires européens, celui de la dégradation de la liberté d’expression au Maroc.

Nous avons été informés que la liberté d’expression est particulièrement soumise à de fortes pressions. Les journalistes et les citoyens qui critiquent ouvertement les autorités en ce qui concerne la corruption généralisée et le manque de droits humains fondamentaux dans le pays risquent d’être poursuivis”, écrivent les élus européens.

L’Union Européenne (UE) fait ici référence à l’arrestation et à la condamnation de journalistes tels qu’Omar Radi condamné à six ans de prison, pour des affaires d “espionnage” et de “viol”. Dans l’affaire de viol, pour laquelle Omar Radi a été condamné, son confrère Imad Stitou a également été reconnu coupable pour son implication et condamné à une année de prison pour “non-assistance à personne en danger”. Ces deux journalistes s’étaient montrés critiques vis-à-vis des autorités marocaines.

Il est rappelé qu’Amnesty International et l’organisation Forbidden Stories ont dévoilé cette année une importante liste de numéros de téléphone de journalistes considérés comme “anti-pouvoir”, surveillés par le logiciel d’espionnage Pegasus, développé par la société israélien NSO. Omar Radi en faisait partie.

Le Parlement européen appelle à relâcher les prisonniers politiques

Les élus européens se disent étonnés de savoir que des activistes, membres actifs du Hirak, sont encore en prison pour leur opinion politique. Ils appellent à la libération immédiate de prisonniers tels que Nasser Zefzafi, Mohamed Jelloul et Nabil Ahamjik.

Ils demandent également la libération sans conditions des journalistes Taoufik Bouachrine, Omar Radi et Imad Stitou qui “ont été condamnés à l’issue de procès discutables, selon les rapports d’observateurs crédibles tels qu’Amnesty International.”

Dans ce même courrier, les parlementaires  européens rappellent au Premier ministre marocain qu’il s’agit du second avertissement. L’instance indique que le 4 septembre 2020, elle avait déjà adressé un document à son prédécesseur dans lequel elle demandait au Maroc “d’agir selon l’avis du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’Homme, respectant toutes les conventions des Nations Unies relatives aux droits de l’Homme auxquelles le Royaume du Maroc a adhéré et les dispositions essentielles des droits de l’Homme des accords entre votre pays et l’Union européenne”.

 

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