Une imposante marche s’est déroulée, ce mardi 11 décembre, dans la ville de Béjaïa, à l’appel de la Coordination nationale de soutien aux investissements et d’organisations de la société civile pour dénoncer le blocage des projets industriels de Cevital à Béjaïa, mais également à Tizi-Ouzou, Boumerdès et Blida.
La manifestation a été impressionnante aussi bien par son organisation que par le nombre de manifestants que les initiateurs ont pu mobiliser.
Si les estimations des membres de la Coordination et des travailleurs de Cevital varient de 30 000 à 100 000 marcheurs, il est certain que plusieurs dizaines de milliers de manifestants ont battu le pavé de l’ancienne capitale des Hammadites ce mardi. Une véritable marrée humaine, un nombre de manifestants rarement égalé dans cette ville.
"Nos frères meurent en mer, nous voulons vivre et travailler !"
Les travailleurs de Cevital, plusieurs milliers, ont formé le gros des manifestants, offrant une visibilité certaine à l’entreprise avec leurs tenues de travail, gilets de sécurité et casquettes estampillées du logo de l’entreprise.
Les étudiants ont également été nombreux, notamment parmi l’encadrement de la marche. Des chômeurs, des commerçants, des travailleurs des administrations ont également pris part à l’action de protestation qui a mobilisé les forces de la ville de Béjaïa et d’ailleurs.
La foule a scandé une grande variété de slogans, aux connotations parfois sociales, parfois très politiques. Les jeunes décédés en mer étaient très présents dans les slogans. « Nos frères meurent en mer, nous voulons vivre et travailler ! » était un des slogans qui revenaient le plus fréquemment lors de la marche. « Y en a marre du blocage !« , « libérez les projets !« , « Cevital a appelé au secours, la Kabylie a répondu, Cevital a appelé au secours, l’Algérie a répondu », ont également scandé les manifestants.
Une marche sans heurts
Les manifestants ont commencé à se rassembler au siège de Cevital, près du port de Béjaïa dès 8 heures du matin et les carrés, avec banderoles et équipes d’encadrement ont commencé à être formés dès 9h30.
La marche qui devait s’ébranler du siège de l’entreprise à 10 heures pile a dû patienter jusqu’à 11 heures, pour attendre l’arrivée de manifestants venus d’autres wilayas, mais qui ont été » retardés par les barrages de gendarmerie et de police dressés sur les routes menant vers la ville « , selon un des organisateurs.
Malgré ce léger contretemps, le cortège a pris le départ dans une atmosphère apaisée et sereine. Aucun dispositif policier exceptionnel n’a été constaté sur le parcours de la marche, à part quelques policiers chargés de rediriger la circulation afin de libérer les axes que devait emprunter le cortège.
Minute de silence et meeting devant le siège de la wilaya
Après être parti du siège de Cevital, situé dans la zone industrielle du port, le cortège des manifestants a marqué une halte devant le siège de l’Entreprise du Port de Béjaïa, pendant laquelle Mourad Bouzidi, président de la Coordination a pris la parole pour rappeler et dénoncer le blocage, d’abord par le port de Béjaïa et par la suite par tous les ports algériens, de l’importation de matériel industriel par Cevital pour son projet d’unité de trituration de graines oléagineuses.
La marche est arrivée à sa destination vers 12h30. Là, une minute de silence a été observée en mémoire des jeunes décédés en mer dans leurs tentatives d’atteindre clandestinement l’Europe. Par la suite, un meeting impressionnant a été tenu par les organisateurs face à des dizaines de milliers de manifestants qui réagissaient aux slogans et discours des intervenants.
La marche a vu la participation de plusieurs députés et élus locaux de tendance politiques diverses, ainsi que des directions des trois clubs de football phares de la Kabylie, à savoir la JSK, le MOB et la JSMB.
Cherif Mellal qui avait annoncé hier sa participation à la manifestation, a tenu son engagement, mais n’a pas pris la parole lors du meeting comme annoncé par les organisateurs au début de la marche.
Parmi les intervenants, les députés Athmane Mazouz, Khaled Tazaghart, Nora Ouali, Lila Hadj Arab. Tous ont dénoncé le blocage des investissements de Cevital, la politique économique du gouvernement et les difficultés auxquelles font face les Algériens à cause du manque d’investissements.
Le député Khaled Tazaghart a été parmi ceux qui ont le plus enthousiasmé la foule. » Nous avons marché hier pour faire libérer un des enfants de Béjaïa et nous marchons aujourd’hui pour libérer les investissements « , a-t-il notamment lancé aux nombreux manifestants.
De l’avis de tous les organisateurs et participants, la manifestation a été une grande réussite. » Un exemple d’organisation et de mobilisation « , selon Mourad Bouzidi.