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Des footballeurs binationaux en mal de carrière rebondissent en Algérie

Formés dans des clubs français renommés mais n’ayant pas réussi à percer, des footballeurs franco-algériens lassés des divisions inférieures ou des équipes de second rang font carrière dans le championnat algérien, où ils offrent des compétences recherchées sans entrer dans le quota des joueurs étrangers.

Selon une étude publiée en mai 2017 par le Centre international d’études sportives (CIES) de Genève, 33 footballeurs de nationalité française jouent dans le championnat d’Algérie, première destination hors Europe des joueurs français.

“Dans la grande majorité des cas, il s’agit de footballeurs d’origine algérienne ayant grandi en France et qui sont retournés dans le pays de leurs parents pour poursuivre leur carrière professionnelle”, explique le CIES.

Ils représentent près de 10% des 350 joueurs recensés par la Ligue de football professionnel dans les 16 clubs algériens de Ligue 1, friands de ces professionnels formés au haut niveau à l’étranger, mais dont le passeport algérien leur procure le statut de joueur local.

Tunisien par son père, Algérien par sa mère et Français de naissance, Mehdi Hamza Ouertani, a joué chez les jeunes de l’Olympique de Marseille (OM), prestigieux club de sa ville natale, avant de chercher, sans succès, un contrat pro dans des clubs de divisions inférieures.

A 19 ans, il est donc parti gagner sa vie durant sept saisons (et autant de clubs) dans le championnat de Tunisie, pays de son père, gardant l’idée de revenir jouer en France.

Après un essai infructueux avec le GFC-Ajaccio, tout juste promu en Ligue 1, il tente sa chance en Algérie et signe en 2016 au club algérois du Nasr Athlétique d’Hussein Dey (NAHD, Ligue 1).

– Succès –

“Ma mère est Algérienne mais je n’étais jamais venu”, explique à l’AFP Ouertani, 27 ans, en marge d’un entraînement.

“J’ai été bien accueilli, je ne regrette pas d’être venu”, assure-t-il, en admettant que son objectif initial était de “retourner en Europe poursuivre (son) parcours professionnel”.

“Mais j’ai échoué”, dit-il, un nouvel essai avec Toulouse (Ligue 1) l’an dernier n’ayant pas abouti: “La compétition était rude face à des joueurs ayant à leur actif des centaines de matchs de football professionnel en France”.

L’argent a également compté dans son choix de l’Algérie, admet le joueur: “Les salaires du championnat algérien se rapprochent de ceux de la Ligue 2 en France, voire de certains clubs de Ligue 1”.

Selon la Ligue professionnelle algérienne, les salaires des joueurs sont compris entre un et trois millions de dinars algériens mensuels, soit entre 7.500 et 22.500 euros.

Khaled Lemmouchia est un de ceux qui ont ouvert la voie. Issu des classes de l’Olympique lyonnais (OL), il a rejoint en 2006 l’ES Sétif, en 1e division algérienne, après cinq saisons à végéter entre 4e et 5e divisions françaises.

Il passe alors d’un maigre contrat fédéral à un salaire de 5.000 euros mensuels, racontait-il en 2009 au quotidien Le Monde. Et va accumuler les succès: deux fois champion d’Algérie, une Coupe d’Algérie, une finale de Coupe de la CAF… En 2008, il est appelé en équipe nationale d’Algérie et totalisera une trentaine de sélections.

– Difficulté d’acclimatation –

Son exemple a attiré quantité de binationaux franco-algériens. Et leur nombre a explosé après 2015, quand la Fédération algérienne de football (FAF) a interdit tout recrutement de joueur étranger aux clubs algériens, en raison de litiges sur le paiement de leurs salaires.

Les clubs ont trouvé la parade en recrutant “des joueurs étrangers en tenue de joueurs locaux” à savoir “des binationaux”, raconte avec ironie l’agent Hocine Djenad.

Les règles ont été assouplies l’an dernier, mais chaque club ne peut pas compter plus de trois joueurs étrangers dans son effectif et pas plus de deux sur chaque feuille de match, ce qui rend les binationaux toujours aussi attractifs.

Le niveau des joueurs arrivant de France “est excellent des points de vue technique et physique”, explique à l’AFP Nabil Neghiz, entraîneur du JS Saoura en L1 et ancien adjoint du français Christian Gourcuff lorsqu’il était sélectionneur de l’équipe d’Algérie.

La réussite n’est néanmoins pas toujours au rendez-vous. Nabil Neghiz souligne “la difficulté d’acclimatation” de certains joueurs qui n’ont connu que la France: nouvel environnement, terrains synthétiques, relations avec les autres joueurs… “il y en a qui lâchent parce qu’ils n’arrivent pas à s’adapter, tout est changé”.

Pour Walid Bouraoui, 21 ans, formé notamment à Evian, l’expérience algérienne n’a duré qu’un mois, en juillet dernier, malgré un engagement pour 5 ans au club algérois du Chabab Riadhi Belouizdad (CRB).

Venu pour “jouer à haut niveau”, mais découvrant “des conditions de travail difficiles”, il n’a même pas commencé la saison. Pas de logement fourni, contrairement à son contrat, et “même pas suffisamment de ballons pour s’entraîner dans de bonnes conditions”, affirme le jeune joueur, reparti jouer en 5e division espagnole.

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