Début novembre, une vidéo montrant un bébé algérien de six mois en compagnie de plusieurs jeunes qui tentaient de traverser la méditerranée en direction de l’Espagne sur un semi-rigide avait suscité l’émoi sur les réseaux sociaux. La séquence a fait le tour de la presse nationale et des médias internationaux. « La vidéo du plus jeune harrag provoque la colère de l’opinion publique en Algérie », titrait Euronews. Si l’affaire relance le débat sur le phénomène des harragas en général qui s’est accéléré cette année, elle met aussi la lumière sur un autre drame : l’émigration clandestine de mineurs.
Depuis le début de l’été, de plus en plus d’adolescents et d’enfants accompagnés ou non de leurs parents se retrouvent sur des embarcations de fortune devant les conduire sur les rives nord de la méditerranée. Le 6 octobre dernier, parmi les quarante-quatre Algériens arrivés sur les côtes espagnoles, treize étaient mineurs. Au total 339 mineurs algériens isolés ont été recensés sur le territoire espagnol par les autorités du pays au 30 septembre dernier, selon un rapport officiel.
L’Espagne n’est pas le seul pays européen concerné par le phénomène. En France, les médias évoquent régulièrement ces derniers la présence de mineurs algériens. Difficile à quantifier en l’absence de statistiques officielles, le phénomène serait en très forte hausse.
Vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=afBIB9dSKig
Qu’est ce qui explique ce nouveau phénomène ? La réponse est dans la législation des pays européens. En France, un mineur étranger seul ne peut être expulsé du territoire. Il peut rester ainsi sans permis de séjour jusqu’à ses 18 ans. L’expulsion peut être éventuellement envisagée si le mineur est en compagnie de ses parents. C’est ce qui pourrait expliquer le nombre de ces migrants mineurs isolés qui est en constante augmentation.
« En 2016, ils étaient 13 008 (mineurs isolés), soit 27,6 % de plus qu’en 2015 », selon le rapport annuel d’activité 2016 de la mission « Mineurs non accompagnés » cité par Le Monde. « En juin 2017, le nombre de mineurs isolés pris en charge par les services français s’élevaient à 18 000, et pourrait dépasser les 25 000 à la fin de l’année », précise la même source. Celle-ci rappelle que la particularité de cette catégorie de migrants qui « ne relèvent pas seulement du droit des étrangers » mais aussi « du droit de l’enfant ».
En Espagne, la réglementation est pratiquement la même pour les mineurs isolés. Un mineur étranger arrivé seul sur le territoire espagnol ne peut en être expulsé jusqu’à ses 18 ans. La situation de la majorité d’entre eux est régularisée peu après qu’ils aient atteint la majorité.