Des militants saoudiens des droits de l’Homme, dont des femmes, ont été torturés et harcelés sexuellement lors de leur détention, a dénoncé mardi Amnesty International, appelant Ryad à les libérer et à enquêter sur ces accusations.
Détenus depuis mai dans la prison de Dhahban, au bord de la mer Rouge, les militants ont été à plusieurs reprises électrocutés et fouettés, au point de ne plus pouvoir pour certains ni marcher ni tenir debout, a affirmé dans un rapport l’ONG Amnesty International, qui cite trois témoignages.
Au moins un militant a été suspendu au plafond, tandis qu’une détenue a été sexuellement harcelée par ses interrogateurs, qui étaient masqués, a ajouté Amnesty.
Trois militantes ont également été “embrassées de force”, a révélé dans un communiqué séparé l’ONG Human Rights Watch (HRW).
Ces accusations interviennent alors que l’image de l’Arabie saoudite a été considérablement ternie par l’affaire Jamal Khashoggi, du nom de ce journaliste saoudien tué le 2 octobre au sein du consulat de son pays à Istanbul.
“Quelques semaines à peine après le meurtre brutal (…), ces révélations choquantes de cas de torture, de harcèlement sexuel et d’autres abus mettent en lumière, s’ils sont confirmés, d’autres scandaleuses violations des droits de l’Homme par les autorités saoudiennes”, a déclaré Lynn Maalouf, directrice de recherches sur le Moyen-Orient à Amnesty.
Si les cas de tortures sur des militantes sont avérés, cela “montrerait qu’il n’existe pas de limites à la cruauté absolue des autorités saoudiennes contre les critiques et les défenseurs des droits de l’Homme”, a estimé Michael Page, directeur adjoint de HRW pour le Moyen-Orient.
Les autorités saoudiennes n’ont pas réagi pour l’instant aux accusations des deux ONG.
Plus d’une dizaine de militants des droits de l’Homme ont été arrêtés en mai, peu avant la levée de l’interdiction faite aux femmes de conduire. Ils ont été accusés de trahison et d’avoir voulu saper la stabilité du royaume.
Si certains ont retrouvé depuis la liberté, d’autres comme Loujain al-Hathloul, 28 ans, ou Aziza al-Yousef, une professeure à la retraite, restent encore derrière les barreaux, sans inculpation ni la présence d’un avocat, selon Amnesty qui a appelé à leur libération “immédiate”.
Les autorités saoudiennes doivent aussi “lancer une enquête rapide, approfondie et efficace” sur les accusations d’abus sur ces détenus, a ajouté l’ONG dans un communiqué.