Des milliers de personnes défilaient sous le soleil et dans une ambiance bon-enfant samedi à Paris pour faire « la fête à Macron » et dénoncer les différentes réformes engagées par le président français.
Macron en Dracula, Macron en Jupiter ou Macron en banquier-roi la corde au cou: le chef de l’Etat a été mis à toutes les sauces lors de cette manifestation « pot-au-feu » à l’appel notamment du député de La France insoumise (gauche radicale) François Ruffin.
Le gouvernement avait fait part ces derniers jours de sa crainte de débordements, après les violences spectaculaires causées par environ 1.200 black blocs lors du traditionnel défilé du 1er mai.
Aussi, pas moins de 2.000 policiers et gendarmes ont été déployés, conformément à la promesse du ministre de l’Intérieur Gérard Collomb de mettre « encore plus de forces de l’ordre lors des prochaines manifestations ».
Mais le cortège coloré, qui est parti de la place de l’Opéra pour rejoindre celle de la Bastille en début de soirée, s’est ébranlé dans la bonne humeur après un « pique-nique concert » en présence de nombreuses familles sous un climat estival.
Les initiateurs de cette marche avaient appelé chacun à apporter « ses revendications, banderoles et espoirs » pour protester contre les différentes réformes Macron.
Depuis son élection il y a un an, le chef de l’Etat s’est engagé à « transformer » la France au pas de charge. Il a pris l’opposition et les syndicats de vitesse pour réformer le code du travail l’automne dernier. Mais depuis le printemps, il est confronté à une série de contestations contre notamment la réforme ferroviaire ou une loi d’accès à l’université.
La gauche radicale et certains syndicats espèrent aujourd’hui faire « converger » ces « luttes » pour déstabiliser le président qu’ils accusent de « dérive libérale » et de « casse sociale ».
« Vive les salariés d’Air France, vive les cheminots, vive les employés de l’hôpital public, vive les avocats, gloire aux fonctionnaires », a lancé à la foule le dirigeant de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, en référence aux différents corps ayant fait grève ces dernières semaines en France.
« La violence ne nous conduit nulle part », a-t-il ajouté à l’adresse de ce « peuple révolté qui veut devenir un peuple révolutionnaire » et « changer la société en profondeur ».
Considéré comme l’opposant N.1 à M. Macron, le leader des Insoumis s’exprimait depuis l’étage d’un bus à l’impériale sur lequel était écrit: « quand tout sera privé, on sera privé de tout ».
– Qu’une ‘première étape’ –
Dans le cortège, les manifestants portaient des revendications diverses, contre les réformes sociales et économiques du gouvernement, mais aussi la lutte contre le changement climatique ou l’accueil des migrants.
Quatre chars étaient au coeur du défilé: le char Jupiter, le char Dracula, le char Napoléon, avec sur chacun d’entre eux une personne grimée en Macron, accusé d’être le « président des riches », et enfin un char « résistance ».
Selon les organisateurs, cette initiative n’est qu’une « première étape ». Déjà, plusieurs associations, syndicats, partis envisagent une nouvelle journée de protestation le 26 mai. « Un cycle nouveau de mobilisation est en route », s’est félicité M. Mélenchon.
D’autres manifestations se sont déroulées ailleurs en France samedi. A Toulouse (sud-ouest), quelque 1.500 personnes selon la police et 3.000 ont défilé avec des slogans mi-revendicatifs mi-moqueurs, « Pour un passage en douceur des promesses imprévues » avec un tube de vaseline dessiné, « un Macron ça Trump énormément » ou encore « Bonne fête au président Méprisant, Arrogant, Carrabistouilleur, Réactionnaire, Orgueilleux, Napoléonien ».
A Bordeaux, un peu plus de 500 personnes, selon une estimation convergente de médias présents, ont défilé en respectant un mot d’ordre « ostentatoire », avec colliers de perles, cigares, manteaux de fausse fourrure… en scandant notamment « Tous en Suisse, tous! »
Dès vendredi soir à Nice, des militants LFI, reprenant une tradition du carnaval local, avaient organisé un « paillassou », un jeu consistant à faire sauter un pantin dans un drap tenu à plusieurs, pantin à l’effigie d’Emmanuel Macron.