Et si après avoir déchu de son trône le président de la République le peuple algérien lui infligeait une autre humiliation en se faisant attribuer le prix Nobel de la Paix ? Des années durant, les soutiens de Bouteflika ont essayé de promouvoir sa candidature à la prestigieuse récompense qui confère honneur et notoriété.
Dans leur argumentaire, la politique de concorde civile de 1999, conclue ensuite par une réconciliation nationale. Mais ce fut une démarche imposée qui a laissé la vérité sur les quais de l’histoire, sans compter que le règne de Bouteflika restera entaché par la tragédie du printemps noir de Kabylie et par la répression de tous les mouvements sociaux dénonçant ses choix économiques.
Bouteflika n’aura jamais le prix réclamé par ses soutiens mais sa chute a révélé un peuple qui peut-être le mérite même si le jury n’a jamais distingué un tel récipiendaire. Le comité norvégien a toujours honoré des personnalités et des organisations, comme le Comité International de la Croix Rouge, le Haut commissariat aux Réfugiés, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance, Médecins Sans Frontières et même l’Union Européenne.
Le mouvement du 22 février subjugue le monde. Ce tsunami qui a emporté un despote sans provoquer un tir des forces de sécurité et sans causer de dégâts. Au contraire, il a pris les allures d’un mouvement civique et écologique qui lui a valu le nom de la “Révolution du sourire”. Le peuple qui le conduit mérite de se laisser ouvrir les portes de l’Histoire et plusieurs pétitions sont lancées à l’intention du comité norvégien qui s’est parfois distingué par des décisions incongrues, voire carrément contestables. Elles peuvent épouser des intérêts politiques ou les tendances du temps, jetant sur le monde une vision purement occidentale.
“Considérant que le peuple algérien représente dans sa totalité, qui manifeste chaque jour depuis le 22 février 2019 – sans aucune violence – et investit chaque vendredi, par dizaines de millions, des rues et des places, partout en Algérie mais aussi à l’étranger, comme preuve irréfutable d’un pacifisme exemplaire demandons officiellement et solennellement de lui attribuer le prix Nobel 2019 ou 2020 pour son combat pacifiste en faveur de la liberté et de la la démocrate”, réclame une des pétitions.
Les signataires mettent en avant ces manifestations “caractérisées par le pacifisme, le civisme, l’humour, le respect, la joie et la bonne humeur” et qui “redonnent espoir à tout citoyen du monde opprimé socialement, culturellement et politiquement”. Il faudra plus que des pétitions pour que l’appel parvienne à Genève. Il aura besoin de lobbying et de l’adhésion de personnalités connues.
Le peuple algérien n’est pas le seul sur la liste. Il aura pour rival la Première ministre néo-zélandaise , Jacinda Ardern, dont le monde entier a découvert le courage et la détermination après l’attentat anti-musulman de Christchurch où 50 fidèles ont été tués par un suprémaciste blanc. “La sagesse dans la tranquillité, le courage sous la pression”, salue la pétition déjà signée par des dizaines de milliers de personnes à travers le monde.