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Des raisons d’espérer une rapide sortie de crise

Des raisons d’espérer une rapide sortie de crise

Ahmed Gaid Salah a tiré sa révérence après une carrière de plus de soixante ans au sein de l’ALN et de l’ANP, dont 15 ans à la tête de cette dernière en tant que chef d’état-major. Décédé lundi, il a été inhumé hier mercredi au carré des martyrs d’El Alia, lors de funérailles populaires et nationales.

Ces six dernières années, Gaid Salah a porté une double casquette, militaire et politique, en étant simultanément vice-ministre de la Défense nationale.

L’armée algérienne, dans sa configuration et sa place actuelles sur l’échiquier national, il a grandement contribué à la façonner.

Sa disparition subite marquera, rien que pour cela, un tournant majeur, voire la fin d’une époque et le début d’une autre pour l’ANP et pour la nation entière, au vu du poids de l’institution dans la décision nationale, y compris politique.

Les événements majeurs de ces derniers mois en sont l’illustration parfaite. C’est l’armée, par le biais de son chef, qui a précipité le départ de Bouteflika début avril et c’est encore elle qui a tracé et imposé le chemin à suivre pendant la transition qui, officiellement, s’est terminée avec l’élection de Abdelmadjid Tebboune le 12 décembre.

Plus que lors de toutes les étapes charnières depuis l’indépendance, l’armée, menée par Ahmed Gaid Salah, a joué un rôle de premier ordre, à visage découvert, dans la crise en cours qui ne semble pas avoir été réglée avec la tenue de l’élection.

Un rôle diversement apprécié. Entre ceux qui saluent la retenue dont ont fait preuve les forces de l’ordre et ceux qui imputent la longévité de la crise à l’intransigeance du défunt chef de l’armée à ne pas sortir du cadre constitutionnel, il appartiendra à l’Histoire de trancher.

En attendant, c’est l’avenir immédiat du pays et ce qui l’attend dans les semaines et mois à venir qui posent question maintenant que celui qui a joué un rôle central dans la vie nationale ces derniers mois n’est plus là.

Un pays qui dispose certes de toutes les institutions nécessaires pour son fonctionnement, y compris d’un président de la République, grâce, diront les uns, à la perspicacité du chef de l’armée qui a tenu coûte que coûte à organiser l’élection, mais un président qui risque d’être fragilisé par les conditions de son élection, dues, souligneront les autres, à la même intransigeance.

Les plus optimistes relèvent la manière dont les institutions ont fait face à cette première épreuve post-électorale. L’annonce du décès d’Ahmed Gaïd Salah, dans la matinée de lundi 23 décembre, a été suivie immédiatement de celle de la nomination d’un intérimaire au poste de chef d’état-major.

Il n’y a pas eu les déchirements ni même les longs conciliabules auxquels on pouvait s’attendre dans pareil cas, soit la disparition d’un personnage loin d’être un second couteau, qui plus est de la plus inattendue des manières et au moment où le nouveau chef de l’Etat avait à peine posé ses valises au palais présidentiel.

Les rouages de la machine de l’armée et de l’Etat fonctionnent et c’est de bon augure. Il appartient maintenant au président de relever le prochain, le vrai défi qui l’attend, celui de régler la crise politique en cours sans déroger à l’engagement de l’ex-chef d’état-major de ne pas laisser couler une seule goutte de sang.

Le hirak ne faiblit pas et ne perd de vue aucune de ses revendications initiales et la seule voie qui reste pour le contenter passe par un dialogue sérieux avec ses représentants.

Abdelmadjid Tebboune n’est pas sans le savoir puisqu’il a lui-même émis un appel dans ce sens dès le lendemain de son élection. Il n’ignore pas non plus que rien de sérieux et de durable ne se fera sans un apaisement préalable du climat général. Il faut le dire, même si l’effusion de sang a été évitée, le passif hérité de la période de transition qui s’achève est très lourd en matière d’atteinte aux libertés.

La libération de tous les détenus d’opinion reste pour le chef de l’Etat la meilleure manière de convaincre de sa bonne foi. Il dispose de toutes les prérogatives constitutionnelles pour faire bouger les choses et passer ensuite à la satisfaction du « reste des revendications du hirak ». Ne l’oublions pas, c’était l’autre engagement d’Ahmed Gaïd Salah.

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