Les Cinq Birmans, membres de cette minorité musulmane persécutée dans leur pays, ont été arrêtés hier en haute mer, à quelques kilomètres du Cap Spartel, à l’ouest de Tanger, en compagnie d’une vingtaine de Subsahariens. Ils ont indiqué qu’ils avaient fui leur pays à cause de la persécution ethnique à laquelle ils sont soumis.
La Marine royale a intercepté cinq Birmans de la minorité musulmane Rohingya à bord d’une petite embarcation en direction de l’Espagne après un long voyage de plusieurs mois de leur pays jusqu’aux eaux du détroit de Gibraltar, a rapporté la police de Tanger à l’agence espagnole EFE.
Les Birmans, membres de cette minorité musulmane persécutée dans leur pays, ont été arrêtés hier en haute mer, à quelques kilomètres du Cap Spartel, à l’ouest de Tanger, en compagnie d’une vingtaine de Subsahariens.
Les Birmans ont indiqué qu’ils avaient fui leur pays à cause de la persécution ethnique à laquelle ils sont soumis.
L’un d’entre eux, identifié comme Iqbal, a expliqué à la police que sa famille lui avait donné des bijoux en or pour couvrir les frais du long voyage.
Le voyage l’a emmené au Bangladesh, puis en Inde, où il a acheté un passeport falsifié et un visa pour 200 dollars avant de s’envoler pour l’Algérie, où il a rencontré d’autres compatriotes.
Ensemble, ils ont franchi la frontière terrestre avec le Maroc, où un passeur d’origine subsaharienne a exigé 1 000 euros pour une place sur la patera qui a finalement interceptée.
Un exode suite à un « nettoyage ethnique »
L’exode des Rohingyas a débuté le 25 août dernier, à la suite d’une attaque d’un groupe insurgé à laquelle la Birmanie a répondu par une campagne militaire dans l’Etat de Rakhine, où l’on estime que vivaient environ un million de membres de la minorité musulmane non reconnus par les autorités birmanes.
L’ONU et les organisations de défense des droits de l’homme ont dénoncé à maintes reprises des abus manifestes de la Birmanie à l’encontre des Rohingyas et le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme l’a qualifié de « nettoyage ethnique » et a affirmé qu’il y avait des signes de « génocide ».
Deux hauts responsables de l’ONU ont appelé, mardi dernier, le gouvernement de Birmanie à résoudre les causes profondes à la base de la crise actuelle des Rohingyas, en l’occurrence l’apatridie.
Le Sous-Secrétaire général aux affaires politiques, Miroslav Jenca, et le Haut-Commissaire aux réfugiés, Filippo Grandi, ont tour à tour souligné devant le Conseil de sécurité de l’ONU que la crise des Rohingyas ne saurait trouver une issue sans résoudre le problème de l’apatride.
« S’attaquer aux causes profondes est crucial pour garantir une solution durable à cette crise », a dit Jenca, ajoutant : « nous avons toujours dit que le problème est bien l’apatridie. Et ce problème doit être résolu ».
La même requête a été formulée par Grandi, qui a estimé, dans une visioconférence avec le Conseil, que les conditions « ne sont pas encore propices au rapatriement volontaire des réfugiés rohingyas ».
« Nous attendons toujours la lutte contre l’exclusion et le déni des droits, qui se sont accentués au cours des dernières décennies, en raison du manque de citoyenneté », a-t-il souligné.
Le 14 décembre dernier, la Représentante spéciale de l’Onu chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit, Pramila Patten, a brossé un tableau des plus sombres sur les viols et autres abus sexuels infligés aux femmes et filles rohingyas par des militaires et policiers birmans.
Considérés des étrangers par les gouvernements successifs de la Birmanie, les membres de la minorité musulmane rohingya, ont souffert de l’exclusion et de la répression, qui se sont transformées récemment en persécution, entrainant la fuite de centaines de milliers d’entre eux vers le Bangladesh voisin.
Depuis fin août 2016, ils sont 688 000 membres de cette minorité à chercher refuge dans des camps de réfugiés délabrés et surpeuplés, selon l’Onu.
Si cet exode s’est réduit récemment, il ne s’est pas pour autant complètement arrêté, ont noté les responsables onusiens. En février, 1500 Rohingyas sont arrivés au Bangladesh, a précisé M. Grandi.
Outre la crise des Rohingyas, l’ONU s’est dit préoccupée par l’intensification des combats entre le gouvernement birman et des groupes ethniques armés. Cette récente escalade, notamment dans les régions de Tanai et de Kachin, a fait « plusieurs morts et blessés parmi les civils », a déploré Jenca, ajoutant « qu’environ moins 5 000 civils » sont coincés dans les régions touchées par les combats.
Les deux responsables ont, par ailleurs, renouvelé les appels répétés de l’ONU au gouvernement birman à faciliter l’accès des organisations humanitaires aux populations affectées.
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