Des intellectuels de renommée mondiale appellent à la libération du journaliste algérien El Kadi Ihsane, qui purge une peine de trois ans ferme.

Dans une lettre au président de la République Abdelmadjid Tebboune, publiée sous forme d’une tribune dans le journal Le Monde, dix écrivains, philosophes et cinéastes de différents pays, dont un Nobel de littérature, ont appelé à la libération du journaliste détenu depuis fin décembre dernier.

E Kadi Ihsane est poursuivi pour réception de fonds de l’étranger à des fins de propagande. Il a été condamné à 5 ans de prison, dont 3 ans fermes le 2 avril dernier par le tribunal de première instance de Sidi M’Hamed (Alger), qui a en outre ordonné la dissolution des deux journaux électroniques qu’il a fondés, les sites électroniques Maghreb Emergent et Radio M. Son procès en appel, prévu le 21 mai devant la Cour d’Alger, a été reporté au dimanche 4 juin à la demande de ses avocats.

Le journaliste El Kadi Ihsane jugé en appel le 4 juin

Les signataires de la lettre appelant à sa libération sont le linguiste américain Noam Chomsky, Annie Ernaux, romancière française lauréate du prix Nobel de littérature en 2022, le réalisateur britannique Ken Loach, l’universitaire Joyce Blau, membre des réseaux de soutien au FLN pendant la guerre de Libération, le philosophe tunisien Youssef Seddik, le poète marocain Abdellatif Laâbi, l’historien camerounais Achille Mbembe et le philosophe français Étienne Balibar.

Les dix intellectuels décrivent Ihsane El Kadi, 64 ans, comme un « vétéran du journalisme indépendant en Algérie », tout comme a été son père un « vétéran de la guerre de libération de son pays ».

Les signataires soulignent aussi que le journaliste a été condamné à l’issue d’une « instruction bâclée, entachée de violations de la procédure pénale et des droits de la défense ».

« C’est pourquoi, disent-ils à l’adresse du chef de l’État, nous nous permettons de vous écrire aujourd’hui pour vous demander de faire tout ce qui est en votre pouvoir afin que cesse l’acharnement sécuritaire et judiciaire que subissent Ihsane El Kadi et tous les prisonniers d’opinion en Algérie », « par fidélité au combat des Algériens pour la justice et la liberté ».

Le 3 mai dernier, à l’occasion de la journée internationale de la liberté de la presse, le représentant de Reporters sans frontières (RSF) en Afrique du Nord, le journaliste Khaled Drareni, lui-même emprisonné entre mars 2020 et février 2021, a remis une lettre au président Tebboune au nom de l’ONG, demandant la libération d’Ihsane El Kadi.