Le président du Syndicat national des magistrats (SNM) Issad Mabrouk dénonce de nouveau le recours systématique à la détention provisoire qu’il impute à « la mentalité » de certains juges.
« J’ai toujours cru et je continuerai à croire que la liberté des gens est sacrée et que la détention provisoire doit rester une mesure extrêmement exceptionnelle », écrit-il dans un texte « soumis à débat » et mis en ligne sur son compte Facebook. « La mentalité de certains juges en a fait malheureusement une mesure systématique, sans l’intervention de quelque partie que ce soit », regrette-t-il.
Issad Mabrouk soulève aussi la question des prévenus placés sous mandat de dépôt puis remis en liberté dès le lendemain. C’est le cas notamment du journaliste Moncef Aït Kaci et de l’agent de la protection civile poursuivi suite à une altercation avec un médecin. S’agit-il d’une conséquence de pressions sur les juges ou d’intervention de la tutelle ?
Le président du SNM estime qu’il s’agit de mesures conformes à la procédure et qu’il appartenait au ministère de la Justice d’expliquer à l’opinion publique la légalité de recourir au référé même dans les procédures pénales. Il reproche à la tutelle d’avoir laissé la voie libre aux interprétations « dénuées de toute objectivité » sur les réseaux sociaux.
Il s’agit d’une application « stricte » de l’esprit de la loi qui protège les droits de l’accusé, juge-t-il, dénonçant toutefois que la mesure ne soit pas appliquée équitablement pour tout le monde, citant le refus de la Cour d’Alger de reporter le procès en appel de Karim Tabbou, en mars dernier, « afin de l’empêcher de retrouver la liberté » à l’issue de la peine dont il avait écopé en première instance.